Benjamin Deceuninck : «Le public vient pour l’affiche, pas le commentateur»
Le journaliste sportif quitte les studios de la RTBF pour les terrains de l’Euro de football en Allemagne.
Après 20 années à suivre les grandes compétitions de football, en studio à Bruxelles, Benjamin Deceuninck sort et va prendre une bonne bouffée d’air en commentant plusieurs matches de l’Euro 2024 en Allemagne. Le premier sera déjà pour ce samedi soir, avec la rencontre qui opposera l’Italie à l’Albanie, sur Tipik.
Est-ce un grand changement pour vous ?
Oui… mais les deux fonctions sont bien. Ce sont deux aspects du métier que j’avais envie de vivre. Après 20 ans de studio pour les gros événements de foot, je suis hyper-excité de partir commenter des matches.
Vous préférez quoi ?
Je ne fonctionne pas en terme de hiérarchie et de préférence. Ce qui me plaisait, c’était de faire vivre une équipe, un plateau… et aller chercher les points forts de tout le monde, comme un coach. Sur place, l’essentiel, au-delà des commentaires, est de faire passer les bonnes émotions au bon moment. C’est un exercice complétement différent. J’ai la chance de faire les deux. Je suis super-content. Ça me permet d’être très équilibré dans mon boulot.
Qu’est-ce qui attire le public, la personne qui commente ou le match ?
J’ai toujours dit pour les événements que je commentais : les gens viennent pour les sportifs. Quand on regarde les audiences, elles sont en fonction des affiches, pas du commentateur. Et heureusement… On ne doit pas avoir d’égo là-dessus. Ce n’est pas pour autant que l’on doit négliger la qualité de notre métier. On fait profiter ses grandes affiches avec parfois de grands champions et on accompagne le téléspectateur du mieux que l’on peut. Notre boulot est de faire passer les émotions essentielles au cœur de l’événement, et les partager avec le public. Nous sommes des journalistes mais on vit aussi les mêmes choses que les autres à travers le sport que ce soit le foot, le tennis, le Tour de France, les J.O. Ce sont des marqueurs temporels pour la société. Ces grands événements attirent plus de monde que la moyenne des compétitions que l’on diffuse. Il y a quelque chose qui se passe avec les pays ou quand un sportif belge réalise une performance, ça dépasse les fans de sport. On s’en souviendra toujours. La victoire des Diables Rouges contre le Japon (ndlr : Coupe du Monde 2018), 7 Belges sur dix se rappellent exactement où ils étaient à ce moment-là, tout comme Justine Henin qui remporte Roland-Garros. C’est pour ça que le sport reste ma passion.
Comment choisit-on le match que l’on va commenter ?
C’est une répartition par les chefs de rédaction. Ils essaient d’équilibrer la distribution des matches en fonction des connaissances de chacun. En tout cas, ce n’est pas nous qui décidons… Je ne réfléchis pas trop à ça. On m’a demandé le match que j’attendais le plus, et ma réponse est simple : c’est le premier (c’est-à-dire, ce soir, NDLR). Je me projette très peu. L’Italie est la tenante du titre, et encore une fois, on va vivre de grosses émotions.
Vous vous êtes (ré)entraîné ?
J’en fais toutes les semaines sur Eleven. Je suis resté au taquet.
Votre été est très chargé…
Tennis, foot et J.O., c’est mon triptyque favori. Je me réjouis de passer un bel été !
Interview : Pierre Bertinchamps
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