«Blade Runner» : du flop au succès culte !

L’avènement de l’intelligence artificielle suscite un nouveau regard sur ce film culte © Arte/Warner Bros

Critiqué à sa sortie, ce film d’anticipation très esthétique est aujourd’hui une référence étonnamment visionnaire. Ce dimanche dès 21h, Arte lui consacre une soirée, avec la rediffusion du film, suivie à 22h55 sur documentaire «Blade Runner : au-delà de la fiction».

«Blade Runner» n’est pas la première fiction et ne sera pas la dernière à livrer une vision pessimiste du futur. Partiellement basée sur le livre «Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?», de Philip K. Dick (aussi auteur de «Minority Report» et «Total Recall»), l’œuvre de Ridley Scott, avec Harrison Ford dans le rôle principal, n’a accroché ni le public ni les journalistes, persuadés que pareil récit ne deviendrait jamais réalité… Dimanche soir, Arte lui consacre une soirée… plus si futuriste que ça !

Des liens avec un grille-pain

Tourné en 1982, le film présente un monde surpeuplé et pollué, où se côtoient êtres humains et androïdes, dans une noirceur juste éclairée par d’intrusifs écrans géants publicitaires. Parmi les robots créés pour ne vivre que quatre ans, certains s’échappent car doués de sentiments et désireux de «vivre» plus longtemps. Le flic Deckard (Harrison Ford) traque ceux qui ne semblent pas animés de bonnes intentions.

«Même si l’empâtement de la décadence est fascinant, ce que nous voyons ne signifie rien pour nous», écrit à l’époque la célèbre critique américaine Pauline Kael dans le New Yorker. «Les gens que nous observons sont si éloignés de nous. (…) «Blade Runner» n’a rien à offrir au public.»

dernier, en effet, ne remplit pas les salles. L’œuvre enregistre 14 millions de dollars contre les 28 millions escomptés. L’aspect dystopique paraît-il trop aberrant ou trop… inquiétant ? Malgré d’habiles allusions socio-philosophiques et écologiques, même le réalisateur déclare : «Ce n’est pas nécessairement une prédiction. J’espère que ce n’est pas l’avenir.»

Et Harrison Ford de plaisanter le jour de la sortie : «C’est un film sur la question de savoir si vous pouvez avoir une relation significative avec votre grille-pain !»

Robotisés

Aujourd’hui, on sourit un peu moins. En 2019, l’écrivain ès technologies avancées, Matthew Kressel, dit à la BBC : «L’image des gens qui ont une vie confortable et des autres plongés dans la misère, est un incroyable parallèle à la disparité actuelle entre les plus riches et les plus pauvres de notre société.»

Tout comme la ressemblance avec les humains quasi robotisés. «Ils ne lèvent jamais les yeux – ils sont concentrés sur ce dans quoi ils sont impliqués, comme les fanatiques des machines à sous à Las Vegas», note Pauline Kael.

Un autre sujet, inconcevable en 1982, existe désormais : les algorithmes et l’IA (intelligence artificielle) qui collectent et surtout exploitent nos préférences et nos données les plus intimes. Avec la menace d’imiter nos comportements et nos timbres de voix au point de ne bientôt plus distinguer l’homme de la machine…

Cet article est paru dans le Télépro du 5/10/2023

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