«L’Affaire Kim Wall» : huis clos mortel sous les flots

Peter Madsen photographié devant son sous-marin en 2008 © Isopix
Giuseppa Cosentino Journaliste

Lundi à 22h45, France 2 propose une minisérie policière sur le meurtre atroce de la jeune journaliste suédoise Kim Wall, découpée en morceaux dans un sous-marin.

Pour l’auteur présumé des faits, Peter Madsen, la mort serait… «accidentelle». Une hypothèse qui n’a jamais convaincu les enquêteurs. Puisqu’ils n’étaient que deux, à bord du submersible… Que s’est-il réellement passé le 10 août 2017 dans la baie de Køge, à Copenhague ?

L’«accident»

Ce matin-là, Kim Wall, 30 ans, a rendez-vous avec l’ingénieur danois Peter Madsen, 46 ans. Elle veut rédiger le portrait de ce «savant fou» qui a construit, de ses mains, le sous-marin UC3, au nom évocateur de «Nautilus», sur lequel elle s’apprête à embarquer le soir-même.

Mais son corps sera éparpillé dans les eaux danoises… Le lendemain, son petit ami, inquiet, prévient la police. Le Nautilus est retrouvé à la mi-journée à une cinquantaine de kilomètres au sud de Copenhague. Son concepteur affirme qu’il a déposé la journaliste sur une île… Mais aucune trace de Kim.

Les jours passent… Peter Madsen finit par avouer que la jeune fille se serait cognée à la tête, décédant sur le coup. Dans la panique, il aurait «jeté son corps par-dessus bord», comme il le relate aux enquêteurs. Dans une autre version, il déclare qu’elle aurait été «asphyxiée au monoxyde de carbone» tandis que lui se trouvait sur le pont… Des explications irrationnelles, laissant paraître des «traits psychopathiques évidents consistant à toujours rejeter la faute sur la victime», révèle son rapport.

Une boucherie

Dix jours plus tard, un tronc mutilé est aperçu par un cycliste. Par la suite, des plongeurs repêchent une tête, des jambes… que les analyses ADN permettent d’attribuer à Kim Wall.

Tout a été prémédité : une scie, des tournevis et des sangles sont retrouvés. La jeune fille a été attachée, violée et démembrée. L’autopsie révélera 14 plaies internes et externes au niveau du sexe, dues à un objet coupant et «infligées alors qu’elle était encore vivante», dira un légiste.

Le principal suspect s’enfonce dans le déni. Fin octobre, une perquisition dans son atelier dévoile des vidéos «fétichistes» dans lesquelles des femmes sont torturées. «Elles ne m’appartiennent pas !», rétorque-t-il. Le 25 avril 2018, le Danois sera néanmoins reconnu coupable de meurtre avec préméditation, sévices sexuels aggravés et atteinte à l’intégrité d’un cadavre. Il n’avouera que trois ans plus tard… sans toutefois lever le voile sur les circonstances exactes de la mort de Kim Wall.

En série

Ce macabre fait divers est reconstitué en six épisodes dans «L’Affaire Kim Wall». Pour le réalisateur Tobias Lindholm («Borgen, une femme de pouvoir»), pas question de mettre en avant le criminel – son nom n’est jamais prononcé -, ni de livrer des détails sordides du meurtre. Il retrace avec minutie toute la complexité de l’enquête qui fluctue au gré des contradictions. 

Cet article est paru dans le Télépro du 24/11/2022

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