Mathilde Seigner  : «Tout dépend de la dose d’amour…»

«C’est une chose étrange que de jouer avec sa sœur. Puis ensuite, on s’envisage comme des actrices. Et j’ai aimé cette actrice-là !», confie Mathilde Seigner (à droite) à propos de sa sœur Emmanuelle... © France 2/Pomme Production «C’est une chose étrange que de jouer avec sa sœur. Puis ensuite, on s’envisage comme des actrices. Et j’ai aimé cette actrice-là !», confie Mathilde Seigner (à droite) à propos de sa sœur Emmanuelle... © Pomme Production Mar. 21.10 France 2 «Bungalow 21» Théâtre a

Ce mardi à 21h, France 2 diffuse la pièce «Bungalow 21» où Mathilde Seigner (56 ans) donne la réplique à sa sœur Emmanuelle. Un duo inattendu et remarquable.

Los Angeles, 1960. Simone Signoret et Yves Montand logent à côté d’Arthur Miller et Marilyn Monroe dont le couple bat de l’aile. Simone (Mathilde Seigner) devient l’amie de Marilyn (Emmanuelle Seigner). Mais quand Arthur s’enfuit, Yves cède au charme de l’icône… Sur une idée de Benjamin Castaldi, petit-fils de Signoret, la pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt évoque ces figures mythiques en proie à leurs fragilités.

«Bungalow 21» est une des plus fabuleuses aventures de votre carrière !

Oui, mais au début j’ai refusé le projet ! Incarner Simone Signoret me paraissait trop dur. Je pensais ne pas être crédible. Mais Benjamin Castaldi m’a dit à quel point je lui rappelais sa grand-mère. «Elle pensait comme toi, parlait comme toi !», m’a-t-il assuré. Finalement, j’ai pensé : «Pourquoi pas ?».

Une fois dans la peau de Signoret, qu’avez-vous ressenti ?

C’est étrange, je ne me suis pas posé de questions à propos d’elle. Je l’ai abordée comme mes autres personnages. J’ai fait un mélange de Simone et de Mathilde. Il y avait un rôle de femme magnifique et je n’ai pas cherché à l’imiter, mais à l’évoquer.

Le texte d’Éric-Emmanuel Schmitt est une fois de plus passionnant. Que pensez-vous de ses œuvres tant en littérature qu’au théâtre ?

Oh, quelle plume ! C’est quelqu’un d’extrêmement doué, un poète qui choisit toujours très bien ses mots. Dire ses lignes est très porteur pour une comédienne. À la fin de la pièce, Simone Signoret et Marylin Monroe se disent des choses très belles sur le fait d’être actrice, de vieillir. Toute cette profondeur permet à la pièce de dépasser le genre classique du boulevard.

En face de vous, dans le rôle de Marylin Monroe, il y a votre sœur, Emmanuelle Seigner ! Vous êtes-vous découvertes, toutes deux, sous un autre jour ?

Au début, il y a une réelle étrangeté à jouer avec Emmanuelle et à songer que je suis avec ma sœur. Mais ce choix est tout de même une idée qui vient de moi. Au fur et à mesure de ce face-à-face, on est sorties de notre sororité pour devenir juste des actrices. Et j’ai été très contente de jouer avec cette actrice-là !

Sur le plan artistique, quels sont vos spécificités ?

Je pense être une actrice réaliste, très concrète. J’ai eu des emplois très différents de ceux de ma sœur. Puis, le visuel non plus n’est pas le même ! Mais cela a justement enrichi nos échanges et la pièce dans sa globalité.

Simone a réagi de façon très digne quand Yves Montand l’a trompée avec Marylin. Qu’auriez-vous fait à sa place ?

Je n’aurais pas été aussi patiente. Subir une humiliation mondiale, avec tous les journaux qui se font l’écho de l’affaire, est très difficile. Tout dépend sans doute de la dose d’amour qu’on a pour la personne qui vous trahit. Signoret aimait tellement Montand qu’elle a apparemment pardonné. Et a déclaré : «Reviens. J’arriverai plus facilement à te pardonner qu’à ne plus t’aimer.» Mais cela l’a détruite. Après, ils n’ont plus eu de relations ensemble, tout en restant sous le même toit. C’est très particulier. Je ne suis pas sûre que j’aurais pu supporter pareille situation.

Cet article est paru dans le Télépro du 21/3/2024

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