Barnum, inventeur du cirque moderne

Le Barnum's American Museum, au carrefour de Broadway et Ann Street, fondé en 1841 par Barnum à la suite du rachat par ce dernier du Scudder's American Museum © Getty Images

Phineas Taylor Barnum, créateur du cirque moderne, a contribué, grâce à son talent, à la réalisation du «plus grand spectacle au monde». Mais l’homme derrière le succès cachait un tout autre visage, celui du «prince des charlatans».

En 1871 naît une attraction, qualifiée par Barnum de «Plus grand spectacle au monde». Avec elle, ses innombrables mises en scène spectaculaires mêlant danses acrobatiques et animaux exotiques. Le gigantisme américain se dévoile face à un public médusé… jusqu’à son arrêt forcé et définitif en mai 2017, après plusieurs fusions.

Son fondateur, Phineas Taylor Barnum, fut considéré à l’époque comme l’un des plus grands imposteurs que l’Amérique du XIXe siècle ait connus. Loin de l’image édulcorée donnée par Hugh Jackman dans le film biographique de 2017, «The Greatest Showman» (diffusé ce jeudi soir sur RTL-TVI).

Le bluff dans le sang

Phineas Taylor Barnum naît un jour d’été 1810 dans le Connecticut. Ses parents sont agriculteurs. Aîné de sa fratrie, il sèche souvent les cours pour aider son père dans les champs. À la mort de ce dernier, en 1825, l’adolescent de 15 ans part pour la ville. Il rejoint son grand-père et son oncle pour y ouvrir une épicerie qu’il transformera en «Temple de la fortune», faisant croire aux clients qu’ils gagneront de gros lots.

Son ambition grandissante le pousse, en 1834, à rejoindre New York pour s’essayer au métier d’illusionniste. Sa femme, Charity Hallet, et ses filles l’accompagnent dans sa quête du succès, ne doutant jamais du potentiel de la figure masculine et paternelle de la famille. C’est alors qu’il rencontre Joice Heth, une esclave afro-américaine aveugle et lourdement handicapée qu’il exhibe, affirmant qu’elle est âgée de 161 ans et a été la nourrice de George Washington, le premier président des États-Unis. À sa mort, il va même jusqu’à faire autopsier la vieille dame et ce, devant une foule qui paie pour assister à l’opération ! Barnum, 25 ans à l’époque, finit par admettre le canular…

Fantaisie morbide

Peu importe. Le jeune Phineas a constaté l’attrait puissant des phénomènes de foire. En 1841, bien déterminé à en faire son gagne-pain, il inaugure le P. T. Barnum’s American Museum, un bâtiment à la façade recouverte de figures monstrueuses. À l’intérieur, une espèce de grand cabinet de curiosités où se côtoient animaux exotiques, bêtes empaillées, statues de cire et, surtout, parade de «freaks», autrement dit des «monstres» : femme à barbe, enfant à tête de chien (atteint d’hypertrichose), siamois, indigènes… Une troupe complétée, en 1862, par une géante et par un nain affublé d’un uniforme…

Si le succès est au rendez-vous, les spectacles de Barnum suscitent aussi les critiques de la presse et de la bourgeoisie new-yorkaises. L’homme d’affaires fait alors appel à une star européenne de l’opéra, Jenny Lind, qu’il surnomme «le Rossignol suédois», pour assurer ses spectacles qui regagnent dès lors en qualité.

Show must go on !

Alors que son musée est victime de deux incendies en 1865 et 1868, Barnum décide de créer un spectacle ambulant à travers les États-Unis qu’il déplacera à travers le continent dans un train de 80 wagons. Il s’associe à James Anthony Bailey et fait l’acquisition, en 1882, de Jumbo, célèbre éléphanteau qui sera la dernière star d’une longue carrière.

Durant près d’un siècle et demi, et sous les yeux attentifs de milliers de personnes à chaque représentation, le cirque Barnum restera la référence en la matière grâce au talent publicitaire et novateur de l’entrepreneur de spectacles qui s’éteint en 1891, à 81 ans..

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