Brigades de la navigation. Mais que fait la police ?

Un navire de la Police de la navigation (SPN) patrouillant dans les eaux du port d'Anvers © Getty Images
Alice Kriescher Journaliste

La Une nous emmène sur les rives du canal de notre capitale, au coeur du Bruxelles Royal Yacht Club, où se croisent quidams et marins. Qui s’occupe de la sécurité dans cet univers particulier ?

Notre pays est composé d’un réseau de voies navigables d’une longueur totale de 1.532 km, dont 450 en Wallonie. Gérées par les différentes Régions, ces «routes», qui voient passer bateaux de touristes et commerciaux, possèdent leur propre police. Focus sur une section pas comme les autres.

Quatre zones

En 2001, la réforme des services de police transfère les brigades portuaires de l’ancienne gendarmerie et leurs territoires à la Police de la navigation (SPN), alors connue sous le nom de Police maritime. Peu importe l’appellation, une chose est certaine, les agents du SPN, au nombre de 400 environ et répartis en quatre zones – SPN Anvers, SPN Gand, SPN Côte (Ostende + Nieuwpoort & Zeebruges + Blankenberge) et SPN Sud (Liège & Mons) -, ne chôment pas. En plus des missions classiques de la police, comme le travail de quartier, l’investigation ou le maintien de l’ordre, la Police de la Navigation doit remplir des tâches plus spécifiques.

Mission environnement

Certaines missions coulent de source, comme la répression de l’immigration clandestine, des vols ou des infractions maritimes. D’autres sont moins connues, à l’instar de la protection de l’environnement. «La Police de la navigation est régulièrement appelée afin de réaliser une enquête spécialisée à bord d’un bateau suspecté de transport illégal de déchets ou de déversement dans la mer», détaille le SPN. «La problématique en matière de protection de l’environnement varie fortement d’une section à l’autre et dépend de la configuration des lieux, de la nature des transports et des directives venant des autorités compétentes.»

Coup de filet

On ne va pas se mentir, lorsque des actions de la Police de la navigation font les gros titres, il s’agit souvent d’affaires de trafic de drogues. Il y a quelques jours seulement, le 16 juillet, ce sont près de 7 tonnes de cocaïne dissimulées dans des cargaisons de bananes originaires d’Équateur qui ont été interceptées à Anvers. Généralement, ce sont grâce à des contrôles au scanner, effectués au port, que la Police parvient à mettre la main sur les substances illicites.

Largage en mer

Mais, depuis peu, pour contrecarrer les forces de l’ordre, les trafiquants ont opté pour une nouvelle technique : le largage en mer. «Les organisations criminelles essaient de plus en plus d’importer leurs marchandises en Europe en utilisant plutôt la mer du Nord, c’est-à-dire qu’ils mettent la cocaïne en flottaison dans la mer, ensuite quelqu’un vient la récupérer», détaille à la RTBF Kristian Vanderwaeren, administrateur général des Douanes et Accises. Forcée de s’adapter, la Police de la navigation et les douaniers forment désormais un équipage sur de plus petites embarcations pour intercepter les bateaux suspects, directement en mer, et les escorter jusqu’au port pour un contrôle en règle. En mars dernier, à la suite d’un largage en mer non concluant pour les criminels, plus de deux tonnes de cocaïne ont été retrouvées accrochées à des flotteurs sur la côte normande.

Le saviez-vous ?

• En novembre 2020, le parquet fédéral belge annonçait une prise «record», au port d’Anvers, de 11,5 tonnes de cocaïne en provenance du Guyana.

• Rien qu’au cours des trois premiers mois de cette année, la Police de la navigation anversoise a procédé à 51 interpellations pour des faits présumés liés à la drogue.

• À Liège, la Police fluviale contrôle environ une dizaine de bateaux par jour. De la même manière que sur nos routes, plaisanciers et professionnels doivent présenter des papiers en ordre, mais peuvent aussi être soumis à un test d’alcoolémie ou de drogue.

Cet article est paru dans le Télépro du 27/07/2023.

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