Changement climatique : les animaux champions de l’adaptation

Les singes sont encore plus intelligents qu'on ne le pensait ! © Passion Pictures LTF
Alice Kriescher Journaliste

Diffusée en cinq volets dès ce samedi à 20h50 sur Arte, la série documentaire «Espèces en voie d’adaptation» dévoile les incroyables capacités de certains animaux pour faire face au changement climatique.

Nous avons longtemps sous-estimé, ou préféré ignorer, l’impact de l’activité humaine et du réchauffement climatique sur la faune et la flore de notre planète. Heureusement, pendant que nous jouions avec le thermomètre mondial, les animaux n’ont pas attendu pour s’adapter. Tour d’horizon de ces as du système D !

T’as changé un truc, non ?

Résister au changement climatique, pour les animaux, n’est pas qu’une affaire de comportements. Dans certains cas, il s’agit de modifier carrément son apparence physique. Plus précisément, la taille des extrémités. «Avec la hausse des températures, becs, oreilles, queues et pattes grossissent chez diverses espèces», relate le National Geographic. Mais pourquoi ces dernières doivent-elles prendre de l’ampleur ? Tout simplement pour permettre aux animaux de mieux réguler leur température corporelle. «C’est la règle d’Allen, du nom du zoologiste qui l’a théorisée à la fin du XIXe siècle. Cette dernière indique que les organismes vivant sous des climats chauds sont pourvus de plus gros membres par rapport à leur taille, pour mieux dissiper la chaleur interne, l’inverse valant pour les climats froids.» C’est en comparant des spécimens de musées et des données de terrain que les scientifiques ont pu constater, par exemple, que les perruches nocturnes connaissent une augmentation de la surface de bec de 4 à 10 %, depuis 1871, ou encore, que les lapins de garenne possèdent, aujourd’hui, des oreilles bien plus longues que celles de leurs ancêtres.

Y’a pas de lézard !

Pour contrer l’idée soutenue par le père de l’évolution lui-même, Charles Darwin, selon laquelle ce processus est très lent, appelons à la barre : les lézards anolis. Ces derniers, vivant habituellement au cœur de la végétation, sur l’île de Porto Rico notamment, ont vu leur habitat se faire grignoter par des centres urbains. En quelques années seulement, ces petits animaux sont parvenus à modifier la taille et l’adhérence de leurs pattes pour circuler plus facilement sur des surfaces lisses comme le béton ou le verre. Une modification à présent dans leurs gènes, comme l’explique le magazine Sciences et Vie.  «En prélevant des œufs dans les deux zones, forestière et urbaine, et en élevant ensuite les lézards dans les mêmes conditions, Kristin Winchell, chercheuse à l’université de Princeton, s’est aperçue que ces particularités se maintenaient, preuve qu’elles ont bien une base génétique.»

Saison des amours avancée

Nous le savons, le réchauffement climatique crée des problèmes en cascade. Ainsi, la hausse des températures entraine une éclosion plus précoce des arbres fruitiers et les insectes, nourriture privilégiée des oisillons, débarquent en avance sur le calendrier de reproduction des volatiles. Résultat, une fois née, leur progéniture n’a plus rien à se mettre sous le bec. «Si les oiseaux ne s’ajustent pas, alors les oisillons arriveront bien après la disparition des chenilles et mourront de faim», explique Anne Charmantier, écologiste de l’évolution, dans le National Geographic. Une espèce a, en revanche, d’ores et déjà bien intégré le nouvel horaire : l’écureuil roux. Voyant le printemps arriver toujours plus vite, ce dernier se reproduit en moyenne dix-huit jours plus tôt qu’il y a quelques années. Résultat, non seulement il s’est adapté, mais en plus, il prolifère bien plus rapidement qu’avant.

Astucieux chimpanzés

Lorsqu’il s’agit de s’adapter, les singes, que nous savions déjà malins, parviennent une fois de plus à faire preuve de sagacité. Plus particulièrement les chimpanzés du Sénégal et d’Ouganda. Suite aux grandes sécheresses régulières dans leurs contrées, ces derniers ont vu l’eau se raréfier dramatiquement, croupir et devenir impropre à la consommation. Pour surmonter cette disette, un nouveau comportement culturel des chimpanzés a pu être observé par les scientifiques. «Certaines populations de chimpanzés se sont mises à creuser des puits dans le sable afin d’obtenir de l’eau filtrée», indique un rapport de Geographia Technica. Une nouvelle technique qui est apparue indépendamment dans différentes populations de chimpanzés. «D’abord en 1995, au Sénégal, puis en 1997, en Ouganda, comme une adaptation face à cet accroissement de la sécheresse.»

Sac d’os !

L’iguane marin des Galápagos est non seulement le seul lézard à avoir appris à plonger et à nager pour survire, mais il possède également le don surprenant de… rapetisser à sa guise ! «En période de pénurie de nourriture, l’iguane marin des Galápagos a développé une capacité que presque aucun autre animal ne peut faire, il rétrécit !», détaille le site Happy Gringo. «Ses os deviennent plus petits et son squelette se rétracte.» Résultat, il peut se contenter de moins de nourriture sans en souffrir. Lorsque les ressources retrouvent un niveau normal, l’iguane est alors capable de récupérer sa taille d’origine !

On ne s’emballe pas…

Si certaines espèces parviennent à trouver des subterfuges pour résister à la hausse du mercure, ne nous voilons pas la face : ce n’est pas le lot de tous les animaux. «Sur les deux millions d’espèces que nous connaissons, nous n’avons étudié la réponse au réchauffement que d’une poignée», affirme Franck Courchamp, écologue, dans le Monde. Par ailleurs, comme le souligne le WWF, «compte tenu de la rapidité du changement climatique, pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer ou s’adapter, l’avenir est forcément compromis.»

Cet article est paru dans le Télépro du 11/1/2024

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