«Concombres de mer» : curieuses holothuries

Pour se protéger hors de l’eau, le concombre de mer est capable de réduire sa taille jusqu’à ressembler à un gros cailloux © Getty Images
Stéphanie Breuer Journaliste

Dans l’Atlantique Nord, les pêcheurs islandais traquent les concombres de mer, très prisés sur le marché asiatique.

Longtemps, les pêcheurs islandais ont parcouru les eaux froides de l’Atlantique nord avec le cabillaud en ligne de mire. Depuis quelques années, ils se diversifient et prennent la mer en quête d’un autre trésor marin : l’holothurie. Samedi (18.00, Arte), «GEO Reportage» s’intéresse à ce «concombre de mer, super-héros d’Islande».

En réalité, cet étrange animal, méconnu et à l’esthétique discutable, n’intéresse que très peu – voire pas du tout – les Islandais. Par contre, il fait le bonheur des Asiatiques, principalement des Chinois qui importent, chaque année, plusieurs milliers de tonnes d’holothuries, surnommées concombres de mer ou bêches de mer. En Asie, il est considéré comme un mets savoureux capable d’augmenter la puissance sexuelle !

Sa réputation tient surtout à son aptitude à changer de forme, gonfler et durcir au moindre contact. Une particularité qui a fait naître bien des fantasmes, particulièrement en Chine, où, sous la dynastie Ming (1368-1644), le concombre de mer se retrouvait déjà sur les tables impériales pour ses prétendues qualités aphrodisiaques.

Nettoyeur des mers

Appartenant à la famille des échinodermes – dont les plus célèbres représentants sont l’oursin ou l’étoile de mer -, le concombre de mer compte plus de 1.600 espèces réparties dans tous les océans. Il se déplace en rampant et vit, selon les espèces, à différentes profondeurs (de la surface aux abysses), sur des fonds rocheux ou sablonneux.

Se résumant à un tube digestif, il déploie des tentacules buccaux qui filtrent le sable, le plancton et d’autres oligoéléments. Et par son anus, l’animal ressort du sable dépouillé de toute substance indésirable. Appartenant aux détritivores, le concombre de mer est donc un véritable nettoyeur de fonds marins. Son rôle écologique le rend indispensable à la survie de son écosystème, raison pour laquelle des quotas de pêche sont imposés.

Vertus médicinales

Mais cet animal étonnant présente aussi des vertus médicinales. Depuis quelques années, les scientifiques étudient l’holothurie, utilisée aussi bien dans la recherche contre le cancer, que dans la fabrication de cosmétiques ou de gilets pare-balles. Et l’animal, qui pourrait aider à prévenir le diabète selon une récente étude, intéresse surtout la pharmacologie. Transformé en poudre et mis en gélules, il devient un complément alimentaire grâce aux nombreuses substances nutritives et éléments divers qu’il contient : protéines, collagène, acides gras, oméga, vitamines…

Enfin, l’holothurie fascine les scientifiques par sa capacité à changer de forme comme il veut. Pour se protéger hors de l’eau (où il peut survivre quatre à cinq jours), il réduit sa taille de huit fois et prend la forme d’un gros cailloux. En outre, le concombre de mer dispose de moyens de défense redoutables. Il dégage des toxines pour repousser la plupart des prédateurs (poisson, crabe, étoile de mer…). Et certaines espèces sont capables de former un piège paralysant pour l’ennemi, en éjectant de longs filaments urticants et collants (appelés tubes de Cuvier) ou en se débarrassant de la majeure partie de leurs organes internes !

Cet article est paru dans le Télépro du 14/9/2023

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