Dans le béhourd, on fourbit les armes !

Les armes, bien qu’elles ne soient pas létales, doivent être fidèles à celles utilisées à l’époque © Isopix

De véritables athlètes en armures combattent comme au Moyen Âge, et ce n’est pas pour rire, comme en atteste ce samedi à 18h sur Arte «Géo reportage».

Qui, dans son enfance, n’a pas eu l’envie de partir à l’assaut de citadelles imaginaires faites d’une petite butte, d’un bosquet ou, pour les plus téméraires, des ruines d’un château médiéval ? Une épée de bois et un bouclier en carton suffisaient au bonheur des jeunes gamins que nous étions pour se prendre pour de preux chevaliers conquérant le fief de leur ennemi.

C’est bien un sport !

Au-delà de ces joutes enfantines, des adultes aux rêves médiévaux non assouvis reconstituent eux aussi ces combats épiques, mais avec armes et armures ! Ces précieuses copies sont mises à rude épreuve lors d’authentiques confrontations aux règles bien précises. Sans qu’il y ait évidemment mort d’homme.

Le béhourd, puisque tel est nommé ce véritable sport, rappelle dans son étymologie un combat à la lance et, plus largement, le tournoi. Même si l’allusion est ancienne, la pratique de cette discipline est récente puisqu’elle remonte aux années 1990. Elle a d’abord connu ses heures de gloire en Russie, puis en Biélorussie avant, triste ironie de l’histoire, de se répandre en Ukraine.

L’Europe occidentale leur a ensuite emboîté le pas, notamment nos voisins français qui ont organisé le premier tournoi de béhourd sur le champ de bataille d’Azincourt, théâtre en 1415 d’un des hauts faits de l’interminable guerre de Cent Ans.

Des règles précises

Le béhourd est un sport avec ses règles, ses arbitres et ses armes, certes aux allures bien médiévales, mais soigneusement émoussées pour éviter les blessures. D’ailleurs, il est interdit de frapper l’adversaire à un certain nombre d’endroits tels que l’arrière des genoux, les pieds, l’aine et la nuque. De même que les coups ne seront pas assénés à travers la visière.

Le béhourd est dit courtois lorsqu’il s’agit d’un duel où il n’est pas autorisé de projeter l’adversaire au sol. Dès lors, seuls les coups d’épée qui font mouche sont comptabilisés. Dans les combats non courtois, tous les coups ou presque sont permis, même si l’adversaire est à terre. La joute se conclut par l’intervention de l’arbitre qui aura pris soin de comptabiliser toutes les touches rapportant des points. Si la Fédération française de béhourd comptait, fin 2020, 31 clubs affiliés, permettant ainsi le déroulement d’un véritable championnat, la présence de ce sport en Belgique est encore confidentielle. On dénombre trois clubs, dont de celui de Charleroi, né à la veille de la pandémie.

Russie vs Ukraine

Il existe plusieurs grandes compétitions internationales nommées Buhurt Prime et Buhurt Next, sous l’égide de la Buhurt Ligue qui rassemble en son sein les meilleurs clubs du monde. Le tout complété par les Buhurt Masters. Mais l’organisation de ces manifestations a été fort perturbée par la pandémie de covid-19, puis par la guerre en Ukraine, les belligérants étant de grands adeptes du béhourd. Lors du dernier tournoi Bruhurt Prime en 2020, ce sont trois clubs russes qui occupaient la tête du classement, les septième et huitième places revenant à l’Ukraine ! On l’a compris, le béhourd n’a rien à voir avec les reconstitutions qu’on peut contempler en été sur de nombreux sites historiques. Il s’agit bel et bien d’un sport, avec ses règles bien définies, avec ses adeptes qui s’entraînent chaque semaine au combat en vue de gagner un véritable championnat violent sans doute, mais spectaculaire.

Cet article est paru dans le Télépro du 25/5/2023

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