Dans les coulisses des Champs-Élysées

«Il y a tout ce que vous voulez, aux Champs-Élysées», chantait à juste titre Joe Dassin © Getty Images

Boudée par les Parisiens, la «plus belle avenue du monde» va bientôt changer de visage.

C’est là qu’arrive le Tour de France. Là qu’est organisé le défilé du 14juillet. Là que les grandes marques se battent pour installer leur boutique… Les Champs-Élysées revendiquent le titre de plus belle avenue du monde. Pourtant, les Français sont de moins en moins nombreux à s’y promener. Samedi à 13h40 sur TF1, un reportage révèle «Tous les secrets des Champs-Élysées».

Égouts à ciel ouvert

Dans les années 1660, alors qu’il vit au cœur de Paris dans le palais des Tuileries, Louis XIV entreprend de se faire construire un autre palais à Versailles. Il demande alors à son jardinier-paysagiste, André Le Nôtre, de repenser le jardin des Tuileries pour créer une voie qui mène directement de son palais parisien à celui de Versailles. Le Nôtre prolonge l’allée centrale des Tuileries et crée ainsi un nouvel axe de sortie, à travers ce qui n’est alors qu’un terrain marécageux qui sert d’égouts à ciel ouvert…

C’est sans doute par moquerie, imaginant le roi et ses courtisans traversant un tel lieu, que les Parisiens le baptisent «Champs-Élysées». Ce nom fait référence à la partie de l’enfer où séjournent les bonnes âmes dans la mythologie grecque. Il finira par s’imposer.

Entre Renault et Dior

Pendant longtemps, les abords de la voie royale ne sont qu’un quartier mal famé. Il faut attendre le XIXe siècle, la construction d’hôtels particuliers, la création de trottoirs et l’installation de réverbères pour que la promenade devienne élégante. On y voit fleurir des cafés, des restaurants, puis des cinémas. La fréquentation des lieux est dopée par les quatre expositions universelles qu’accueille Paris entre 1855 et 1900.

À ce moment-là, de grandes marques comprennent que les Champs-Élysées constituent la plus belle des vitrines commerciales. Les constructeurs de voitures sont parmi les tout premiers. Notamment Renault, installé en 1908 sur les Champs, et qui est toujours là aujourd’hui. D’autres enseignes suivront. D’abord de luxe, puis grand public. Désormais, on peut aussi bien y pousser la porte de Dior, Vuitton ou Cartier que de Petit Bateau ou Yves Rocher.

Loyers exorbitants

Les Champs-Élysées font partie du top 3 des artères commerciales les plus chères au monde, après la 5e Avenue de New York et le Causeway Bay de HongKong. En 2019, Le Parisien notait que les loyers avaient doublé en dix ans et citait l’exemple d’une petite boutique de 50m2 dont le loyer atteignait 1.000€… par jour ! Les boutiques au numéro pair, sur le côté ensoleillé de l’avenue, se négocient jusqu’à deux fois plus cher que celles d’en face. 

Mais les prix ne cessent de s’emballer. En septembre, Groupama a cédé l’immeuble du 150 avenue des Champs-Élysées pour un montant estimé à 800millions €. Cette vente bat les records établis en 2018 et 2019 par les immeubles abritant Apple et Nike. Dans les trois cas, les acheteurs sont des fonds d’investissement.

Végétaliser l’avenue

La valeur de l’immobilier devrait encore grimper avec le projet «Réenchanter les Champs-Élysées» récemment lancé par la Mairie de Paris. Objectif pour 2024 : préparer les Jeux olympiques. Objectif pour 2030 : agrémenter les lieux avec 15.000m2 de végétation supplémentaire pour rendre la ville plus vivable.

Actuellement, parmi tous les gens qui se baladent sur les Champs-Élysées, seuls 5 % sont encore des Parisiens. En l’état, la plus belle avenue du monde ne plaît plus à ses riverains.

Cet article est paru dans le Télépro du 27/10/2022

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici