Dans les pas de Gengis Khan

Le mausolée Gengis Khan, situé à Ordos (Chine) © Arte/Lion Television/Eric Huyton

Le conquérant a permis l’avènement d’un empire gigantesque… qui ne lui survécut quasiment pas. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «L’Empire mongol, une autre histoire».

Il a fait trembler tout le monde connu au cœur du Moyen Âge et a bien failli conquérir l’Europe à des milliers de kilomètres de sa terre natale. Gengis Khan et ses farouches guerriers ont semé la peur et la destruction sans parvenir à asseoir un empire fragilisé dès la mort du grand conquérant. L’historien René Grousset note avec justesse que l’avantage du guerrier mongol tient essentiellement à «l’archer à cheval qui apparaît, crible l’adversaire de flèches, se dérobe, disparaît, reparaît plus loin pour une nouvelle salve, jusqu’à ce que l’ennemi fourbu et épuisé soit bon pour l’assaut final». Pour le reste, ni écriture, ni art, une vie de nomade faite d’habitations éphémères en branchages. Guère de villes et une religion très sommaire basée sur le chamanisme.

Gengis devient empereur

Les tribus mongoles se sont longtemps déchirées, incapables de former un État digne de ce nom, jusqu’à l’arrivée d’un chef de clan nommé Temudjin. Mieux connu sous le nom de Gengis Khan ce dernier réussit enfin, après une série de guerres, à donner une certaine unité aux peuples mongols. En 1206, il est adoubé par ses pairs et reconnu comme le Khan suprême.

Mais au-delà de ce titre, Gengis se considère comme le souverain universel, ce que signifie d’ailleurs son nom. Il n’a plus qu’à partir à la conquête du monde. Une de ses premières cibles est Pékin, dont il s’empare en 1215 avant de s’en prendre à l’Asie centrale avec une violence inouïe, détruisant des foyers de brillantes civilisations comme à Boukhara et à Samarcande (actuel Ouzbékistan), tandis que deux de ses fidèles officiers déboulent jusqu’en Ukraine à la tête de vingt mille cavaliers, y semant la mort et la désolation.

L’apport des Ouïghours

À la mort de Gengis Khan, en 1227, les frontières de son empire vont de la Mandchourie au rivage de la mer Caspienne en passant par le nord de l’Inde. Au départ, les Mongols se contentent d’exploiter sans scrupule les populations conquises qu’ils considèrent comme leur propriété. Mais le contact avec des civilisations plus raffinées leur permet d’évoluer, notamment à l’ombre de la culture chinoise. Les Ouïghours – qui font encore bien tristement l’actualité – leur offrent leur alphabet et les initient à leurs croyances bouddhiste et chrétienne, sans pour autant les amener à renier leurs pratiques chamaniques.

Un lent effritement

Mais ces peuples des steppes sont incapables d’assimiler la conception d’un seul État centralisé, ce qui les mènera à leur perte. Tout commence avec le partage de l’empire entre les quatre fils de Gengis Khan. Au début, ils poursuivent l’extension de leur influence jusqu’aux portes de Vienne. Mais la désignation du successeur du grand Khan met au jour les graves rivalités entre les différents clans mongols.

Sous l’empereur Mongka, l’empire atteint son apogée avant de connaître sa première défaite en Syrie face aux Mamelouks. Son frère Kubilai lui succède et, après avoir soumis la dynastie Song, fait de Pékin sa nouvelle capitale. Il réussit à réunir sous son autorité l’entièreté de la Chine en s’assimilant parfaitement à sa culture et sa religion. C’est lui qui accueille Marco Polo, le grand voyageur vénitien, dont les récits sont une source inépuisable pour la connaissance du monde chinois à l’époque.

En 1368, le dernier empereur mongol de chine est déposé par la puissante dynastie des Ming, tandis que les bastions de l’ancien empire tombent les uns après les autres, réduisant bientôt à néant les grands rêves de conquête de Gengis Khan.

Cet article est paru dans le Télépro du 11/5/2023

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