Dauphins : derrière le(s) mythe(s) !

Les attaques envers les humains sont rarissimes, mais elles rappellent que le dauphin reste un prédateur qui peut se montrer très agressif envers d’autres espèces © Getty Images

Avec leur bonne bouille et leur capacité de communication avec les êtres humains, les dauphins semblent être des mammifères gentils, serviables et inoffensifs, comme Flipper. Mais ils ont aussi de sombres facettes… Ce mardi à 19h30 sur Arte, «Les Dessous des images» aura pour thème «les dauphins qui attaquent».

Aussi intelligents que les humains

Les dauphins ont un cerveau plus gros que ce dont leur métabolisme a besoin. Cet «excès» de matière cérébrale les rend très malins. Les scientifiques l’ont constaté au fil du temps et des expériences : toutes les espèces (une quarantaine au total) ont leur propre langage, se reconnaissent dans un miroir, font preuve d’empathie et pleurent leurs morts. Leur érudition est en grande partie due à leur néocortex complexe, zone permettant d’être conscient de soi et des autres, ainsi que de résoudre des problèmes. D’autres neurones les rendent capables d’émotions, de cognition sociale, de compréhension des gestes des dresseurs humains, de connaissance de leur environnement. Et de savoir ce que pense autrui !

Sommeil léger et écholocation

À l’instar des baleines, les dauphins ne dorment jamais complètement ! Ils ont un «sommeil unihémisphérique», car seule la moitié de leur cerveau dort. Ce phénomène est alternatif. Sur 24 heures, chaque côté du cerveau sommeille environ 4 heures. Cela leur permet de maintenir certaines actions physiologiques, comme les mouvements musculaires. Et aide ces mammifères à sang chaud à maintenir la température corporelle nécessaire pour survivre dans l’océan, contrôler leur respiration et rester vigilant face au danger. En cas de péril, les dauphins peuvent aussi compter sur le sonar, instrument d’«écholocation», pour percevoir les alentours avec précision en émettant des sons et en écoutant les échos générés par ces derniers lorsqu’ils butent sur un obstacle proche. En fonction de la densité, ce système leur permet de détecter un objet de la taille d’une balle de golf à 90 m de distance.

Parlez-vous «le dauphin» ?

Dès la naissance, chaque «Flipper» crie, siffle, couine ou clique. «Il vocalise, puis un autre répond», selon l’Américaine Kathleen Dudzinski, fondatrice et directrice du Dolphin Communication Project. «Et parfois, chaque membre d’un groupe vocalise différemment en même temps, tel des humains bavardant lors d’une fête !» Échanger passe aussi par une communication non verbale via des bulles ou des mouvements de nageoires. Le décryptage de cette «langue» demande beaucoup de temps et d’observation. «Car leur langage dépend de ce qu’ils font : chercher de la nourriture, jouer, se battre», explique-t-elle. «Lors de combats, les dauphins font claquer leurs mâchoires pour signifier «Reculez !» Mais ils applaudissent aussi, en jouant, le gagnant de leur terrain de jeu sous-marin !» Une conversation téléphonique est même possible. Comme testée à Hawaï, entre une mère et son petit, dans des bassins différents reliés par interphone. «Ils semblaient savoir avec qui ils parlaient, criaient et gazouillaient», constate l’Américain Don White, à l’origine du projet Delphis.

Agressifs et meurtriers

L’image du gentil Flipper est écornée quand on apprend que certaines espèces, souvent les plus grands dauphins ou les dauphins dits solitaires, ont une libido très forte, peuvent s’organiser en groupe pour en attaquer un autre et lui voler son territoire ou ses femelles. Ils cernent et harcèlent celles-ci avant de s’accoupler, souvent par la contrainte. En période de rut, ils approchent les côtes, se frottent à des objets ou à des nageurs humains. En outre, beaucoup de dauphins tuent leurs bébés pour rendre la mère disponible, ou des bébés marsouins. En Écosse, des petits de cette espèce ont été retrouvés morts avec des blessures internes portant la trace de dents de dauphins…

Espions militaires

Les talents d’«écholocation» et de rapidité de nage des dauphins ont inspiré des projets secrets, le «Spy Dolphins» et l’«Oxygaz», aux États-Unis dès les années 1960. Objectifs : entraîner plusieurs de ces mammifères, les plus grands et les plus sauvages, à être des espions et des saboteurs de l’ennemi, en détectant les sous-marins, en posant ou en éloignant des bombes, en plaçant des capteurs sismiques ou acoustiques et des bouées. Un graphique de la CIA montre ainsi des dessins illustrant comment poser un harnais sur le museau des dauphins afin de transporter des objets défensifs ou offensifs. Selon un mémo, ces animaux étaient bien moins chers que des hommes-grenouilles qui auraient couté 5 millions de dollars par an…

Cet article est paru dans le Télépro du 28/9/2023

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