Était-il beau mon légionnaire romain ?

Image extraite du documentaire diffusé ce jeudi soir sur France 5 © France 5/Mona Lisa

Jeudi à 21h avec le documentaire «Dans la peau du légionnaire romain», France 5 rejoint l’armée romaine et enfile la tenue – peu agréable – du légionnaire.

Le légionnaire apparaît dès la fondation de Rome en -753 et les derniers disparaîtront à la chute officielle de l’Empire romain d’Occident, en 476. La longévité exceptionnelle de cette organisation militaire explique sans doute son efficacité dans le développement d’un vaste État allant de l’Angleterre à l’Asie mineure, en passant par l’Afrique du Nord. Jeudi soir, France 5 propose au téléspectateur de se placer dans la peau d’un légionnaire…

Vers une armée de métier

Selon la légende, Romulus, le fondateur de la Ville éternelle, est le premier à organiser une légion pour assurer la protection de la cité ainsi que la sienne. Au plus fort de l’Empire, l’armée romaine compte près de 300.000 hommes répartis dans des légions, regroupant environ 6.000 hommes chacune, elles-mêmes divisées en cohortes, en centuries et en manipules. Pendant des siècles, le recrutement s’opère par conscription obligatoire pour tous les hommes, mais sous la République, après la réforme de Marius en -107, l’enrôlement devient volontaire et le soldat est dorénavant rétribué. Mais de sa solde sont déduits les frais de nourriture et d’équipement auxquels pourvoit l’État. C’est sans compter les butins résultant des pillages lors de prises de villes.

Le légionnaire a alors idéalement entre 18 et 21 ans lors de son recrutement, parfois 30 pendant les profondes crises que traverse régulièrement le régime. Il se doit d’être d’une moralité suffisante, d’avoir une bonne santé, une excellente vue et de mesurer 1 mètre 78, ce qui est grand. Après avoir prêté serment à Rome et à ses chefs, la jeune recrue est partie pour une carrière de vingt ans à l’issue de laquelle il est récompensé pour bons et loyaux services avec l’octroi de charges rémunératrices ou d’un lopin de terre.

Chargés comme des mulets

Grâce à des exercices appropriés, le légionnaire apprend à marcher de longues distances, parfois 70 km par jour, entrecoupées d’un repos de trois heures. En temps normal, cette distance est réduite à un maximum de 50 km, mais avec un harnachement qui pèse entre 35 et 45 kg. Outre l’armement et le bouclier, celui-ci comprend des provisions, particulièrement du blé qui constitue la nourriture de base, des ustensiles de cuisine, la gamelle et des outils de terrassement et d’abattage indispensables pour construire à chaque étape une enceinte défensive. Ce qui fit dire à Marius que ses hommes étaient des mulets !

Jules César a ramené cette charge obligatoire à 20 kg, rendant ainsi plus de souplesse aux fantassins. La fonction principale du légionnaire est évidemment de partir en campagne contre les ennemis. Mais en période de paix, il est affecté à différentes tâches, non seulement de maintien de l’ordre, mais aussi d’amélioration des infrastructures utiles au développement économique. Ainsi, ponts, routes ou cités, comme celle de Timgad aujourd’hui en Algérie, sont souvent l’œuvre des légionnaires. On leur doit aussi le fameux canal de Fos, réaménagé sous Napoléon, qui va faciliter l’accès au port de la ville d’Arles depuis la mer.

Dans la gamelle

Si le blé est indissociable de la nourriture du soldat, la viande fraîche, salée ou séchée, est un complément indispensable, comme l’huile d’olive ou le vin, une infâme piquette dont le but était de rendre l’eau plus buvable en l’y mélangeant. Ce sont près de deux kilos d’aliments divers qui sont ingurgités quotidiennement par le légionnaire auxquels s’ajoute bon an, mal an, environ un litre de vin. Il lui arrive aussi de chasser des animaux sauvages pour améliorer l’ordinaire. Si le légionnaire dispose d’un statut privilégié au sein de la société romaine, on est bien loin de l’image d’Épinal véhiculée par l’Histoire. Il n’est ni plus, ni moins sanguinaire qu’un autre combattant, quelle que soit l’époque, mais sa grande force réside à la fois dans l’organisation de l’armée à laquelle il appartient et dans sa discipline.

Cet article est paru dans le Télépro du 1/6/2023

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