First in America : qui étaient les premiers hommes sur le continent américains ?

Des empreintes de pas fossilisées dans le parc national de White Sands, au Nouveau-Mexique © Arte/Bellota Films/LGM Productions
Giuseppa Cosentino Journaliste

L’apparition des humains sur le continent américain remonterait à près de 30.000 ans avant notre ère… Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «Amérique : la nouvelle histoire des premiers hommes».

De nouvelles fouilles archéologiques réalisées du Grand Nord canadien à la pointe sud du Chili, en passant par le sud des États-Unis, le centre du Mexique et le Mato Grosso brésilien, font vaciller les certitudes. Partout, les hypothèses concordent et viennent mettre à mal la théorie selon laquelle les premiers ancêtres des Américains seraient arrivés à pied, il y 16.000 ans, par le détroit de Béring, alors bande de terre gelée reliant l’actuelle Sibérie à l’Alaska. Le documentaire d’Arte (samedi à 20.50) illustre cette émouvante enquête sur l’émergence d’un monde insoupçonné.

Du sable sous le pied

À l’origine de ce bouleversement historique : des traces de pas, découvertes en 2021, dans le parc national de White Sands, au Nouveau-Mexique. «Elles ont été laissées par des enfants et adolescents sur plusieurs époques, dont la plus ancienne remonte à 23.000 ans», renseigne la revue américaine Science. Enfin une preuve tangible ! Qui s’ajoute au nombre grandissant d’indices sur l’arrivée précoce des premiers humains en Amérique.

«Une découverte comme celle-ci, c’est un peu comme trouver le Saint-Graal», s’extasie Ciprian Ardelean. Cet archéologue mexicain est convaincu par la nouvelle thèse depuis qu’il a retrouvé des outils en pierre suspectant la présence d’une activité humaine vieille de 30.000 ans ! Soit environ 15.000 ans plus tôt que l’histoire enseignée… Problème : ces empreintes fossilisées jettent un froid parmi la communauté scientifique car elles suggèrent qu’«Homo sapiens» était déjà sur le continent… avant la fin de l’ère glaciaire.

Mur de glace

À cette époque – il y a 21.000 à 23.000 ans -, «de vastes étendues de glace auraient empêché l’Homme de se rendre en Amérique du Nord», peut-on lire sur le site du National Geographic. Les preuves de White Sands sont pourtant irréfutables et la datation au carbone 14, infaillible : «On peut se tromper de quelques centaines d’années, non de milliers», estiment les adeptes de la datation au radiocarbone. «Ce qui ne changerait pas la conclusion selon laquelle ces empreintes ont plus de 20.000 ans.» Dès lors, qui étaient ces mystérieux premiers hommes ?

Génétique et migrations

S’il est communément admis que les Amérindiens et les peuples de Sibérie partagent le même patrimoine génétique, «de nombreuses lacunes subsistent encore dans nos connaissances», prévient Jennifer Raff, paléogénéticienne de l’Université du Kansas. «Les chercheurs ont identifié pas moins de vingt-neuf populations indigènes (ou natives) sur le sol américain, et non une seule.» D’où venaient-elles ? Quand et comment ont-elles façonné le continent inexploré que les colons européens baptiseront le Nouveau Monde ? «Plusieurs points de vue existent pour expliquer cette grande aventure faite de métissages ayant dû s’adapter pour survivre au dernier maximum glaciaire», admet la généticienne.

Remise à zéro

Les autochtones ont, eux aussi, leurs propres récits oraux, transmis à travers les générations. «Nous avons toujours marché et voyagé», conclut fièrement une descendante amérindienne dans le reportage d’Arte. Si le mystère demeure, ces nouvelles données imposent néanmoins de repenser le paradigme de l’histoire des migrations sur le continent américain qui, n’en déplaise à Christophe Colomb, depuis des temps immémoriaux, n’était déjà plus une terre vierge à conquérir…

Cet article est paru dans le Télépro du 23/2/2023

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