Gorilles, nos cousins mal-aimés

Dans la nature, les gorilles ont une espérance de vie de 35 à 40 ans © Off the Fence
Alice Kriescher Journaliste

Lundi soir, Vianet Djenguet, caméraman animalier, nous emmène en Afrique centrale pour tenter de s’approcher au plus près des gorilles des plaines. Le documentaire est à voir sur France 5 à 21h05.

D’un point de vue génétique, les gorilles sont nos plus proches cousins, après les bonobos et les chimpanzés. Il est temps de faire les présentations avec ces lointains membres de la famille des hominidés !

Photo de famille

Si un groupe de gorilles peut commencer à partir de deux membres et aller jusqu’à une trentaine, la norme se situe plutôt entre cinq et dix individus. Le portrait de famille typique : un dos argenté, mâle de 15 ans environ, ayant atteint la maturité sexuelle et reconnaissable par son pelage dorsal grisonnant, un «dos noir», entre 8 et 13 ans, trois femelles mûres sexuellement, âgées de 8 ans ou plus, et trois à six jeunes de moins de 8 ans. Le but de ce petit groupe ? La recherche d’aliments, principalement végétariens, conditionne leurs déplacements et occupe la moitié des journées. L’autre moitié est dédiée au repos et au lien social. «Le groupe de gorilles tire sa cohésion des liens privilégiés existant entre chaque femelle et le dos argenté patriarche. L’attrait qu’exerce ce mâle dominant sur les membres de son harem est particulièrement manifeste lors de la période de repos de la mi-journée, quand les animaux jouent, dorment ou procèdent à l’épouillage», explique le Larousse. «Cette dernière opération, qui a pour but de maintenir le pelage en bon état, possède également un contenu affectif.»

Précis de gorille

Deux groupes de gorilles peuplent notre planète, l’un occidental, l’autre oriental. La population du premier, pour l’espèce principale qui évolue dans les plaines, notamment du Cameroun ou du Congo, est estimée à 94.000 individus. Côté oriental, le gorille des plaines de l’est de la République démocratique du Congo voit sa population plus clairsemée avec un nombre de spécimens compris entre 3.000 et 5.000. Son homologue des montagnes évolue aux confins de la RDC, du Rwanda et de l’Ouganda, jusqu’à 4.100 m d’altitude. «La seconde population est confinée à la forêt impénétrable de Bwindi, dans le sud-ouest de l’Ouganda » , détai l le le Larousse. «Elle est estimée à environ 300 individus (2006). On note une lente remontée de ses effectifs depuis le début des années 2000, mais le gorille de montagne reste en très grand danger d’extinction.»

Fort à l’extérieur, doux à l’intérieur

N’étant ni un prédateur, vu son végétarisme, ni une proie, si ce n’est le léopard s’attaquant parfois aux jeunes et… l’homme, le gorille ne possède aucun ennemi naturel. Alors que sa force est colossale, six à quinze fois supérieure à la nôtre, et qu’il est capable d’atteindre des pointes de vitesse à 40 km/h, ce grand primate ne fait pas usage de ses atouts physiques inutilement. «Les gorilles sont probablement les singes les plus impressionnants », explique le site du WWF. «Pourtant, loin de l’image véhiculée par la littérature et le cinéma, ce sont des animaux pacifiques et timides.»

Pas tirés d’affaire !

Grâce à un programme de conservation lancé en 1991 par le WWF, l’avenir du gorille des montagnes est aujourd’hui bien plus joyeux qu’il y a quelques décennies : en 2021, les gorilles étaient les seuls grands singes dont la population avait augmenté. Néanmoins, le combat est loin d’être gagné, comme de nombreuses espèces, ils doivent faire face à la diminution de leur habitat naturel et subissent un braconnage sans merci. «Mais cela ne s’arrête pas là. On le sait, les grands singes ont beaucoup de similitudes avec l’homme, à commencer par l’ADN. Le gorille possède ainsi 98,47 % d’ADN en commun avec nous», détaille GEO. «Ce grand singe menacé est particul ièrement sensible aux mêmes maladies que les humains. Durant la pandémie de covid-19, ce dernier, tout comme l’homme, n’a pas été épargné.»

Petit bébé deviendra (très) grand

Chez les gorilles, comme chez l’homme, il n’existe pas de saison particulière pour se reproduire. Autre similitude, leur portée se limite en général à un seul petit. Ce dernier est cependant bien plus frêle que nous à la naissance avec un poids moyen de 1,5 kg. Tout comme nous, le bébé gorille possède peu de comportements innés, son apprentissage vers l’autonomie est donc relativement long et sa dépendance maternelle très grande. Devenu adulte, le gorille n’en demeure pas moins le plus grand des hominoïdes : il peut atteindre deux mètres de hauteur lorsqu’il se met debout, pour près de 280 kg. En revanche, force est de constater que Monsieur gorille est moins impressionnant lorsqu’il s’agit de ses parties génitales. Tous singes confondus et proportionnellement parlant, il est en effet pourvu du plus petit pénis : en érection, ce dernier atteint maximum les 5 cm.

On évite la bagarre ?

On veut bien croire à l’esprit diplomate du gorille, mais que penser de sa façon de se frapper le torse avec véhémence tel King Kong ? Si ces tambourinements, principalement pratiqués par les mâles dominants, ont pour but d’attirer des femelles ou d’intimider un adversaire, une autre raison, confirmant l’esprit tranquille du gorille, explique ce comportement. «Les mâles gorilles se frappent le torse pour donner une information sur leur propre physique. Les plus grands gorilles, munis de sacs aériens plus gros situés près de leur larynx, produisent ainsi des battements thoraciques à des fréquences plus faibles que ceux des petits», indique le magazine GEO. «L’information permettrait à des rivaux potentiels de juger de leur taille à distance et ainsi d’éviter des duels inutiles, dans une forêt dense où il leur est souvent difficile de se voir.»

Cet article est paru dans le Télépro du 4/01/2024.

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