Gustav Klimt et son « Baiser » (a)doré

Pour voir « Le Baiser » de Klimt, il faut aller à Vienne. Mais saviez-vous qu’il en existe un autre à Bruxelles ?

Si l’on vous dit Klimt, à quoi pensez-vous ? Il y a fort à parier que ce soit « Le Baiser » qui vous vienne d’abord à l’esprit. Des 230 tableaux du peintre viennois (1862-1918), c’est sans nul doute le plus connu. Posters, mugs, t-shirts… Cette peinture à l’huile rehaussée de feuilles d’or est aujourd’hui l’une des œuvres les plus reproduites au monde. Ce dimanche, à 17.50, Arte s’intéresse à cette toile emblématique et à son peintre énigmatique.

Pour Sissi

Quand Gustav Klimt présente « Le Baiser », en 1909, il est déjà connu et reconnu. Comme peintre, mais aussi comme décorateur. Fils d’orfèvre, formé à l’École des Arts appliqués de Vienne, il maîtrise la dorure comme personne. Alors que la capitale autrichienne se pare de nouveaux monuments, Klimt est chargé de décorer les murs et plafonds de théâtres, de musées ou d’hôtels particuliers. En 1885, l’empereur François-Joseph fait même appel à lui pour le petit château qu’il vient d’offrir à Sissi, son épouse, non loin de Schönbrunn. Klimt n’a alors que 23 ans. Mais dans les années qui suivent, il remet en question l’académisme de l’époque. Avec l’architecte Josef Hoffmann, il lance un mouvement d’avant-garde : la Sécession viennoise.

Un homme libre

Klimt a 30 ans et est au sommet de son art. Il est aussi très occupé par sa vie privée. Issu d’une famille nombreuse et pauvre, Gustav Klimt a toujours été très proche de son frère Ernst. En 1892, celui-ci meurt à 26 ans, laissant une veuve et une petite fille. Le peintre prend sa belle-sœur sous son aile et fait ainsi la connaissance de la sœur de celle-ci : Émilie Flöge. Future grande figure de la haute couture viennoise, Émilie sera la compagne de Klimt jusqu’au décès de l’artiste, en 1918. Mais il n’est question entre eux ni de mariage ni d’enfants. Malgré cette liaison suivie, Klimt est un homme libre. Il vit chez sa mère, où ses sœurs s’occupent de tout. Et il enchaîne les conquêtes féminines. Il serait le père de quatorze enfants, tous illégitimes et nés de mères différentes.

Monsieur Stoclet

Au milieu de cette vie dissolue, Émilie reste un pilier. C’est elle, la jeune femme représentée dans « Le Baiser ». Depuis un siècle, l’œuvre a été abondamment commentée. Les spécialistes y voient des influences mythologiques, byzantines, japonaises… Pour la comprendre, bien qu’elle soit conservée depuis toujours à Vienne, il est nécessaire de faire un détour par Bruxelles. En 1904, le banquier Adolphe Stoclet se fait construire une maison sur l’avenue de Tervueren. Il la commande à l’architecte viennois Josef Hoffmann. Et parmi les peintres chargés de la décoration : Gustav Klimt, à l’époque où il est en train de peindre « Le Baiser » … Une autre version de l’œuvre est réalisée sur les murs de la salle à manger du Palais Stoclet. Malheureusement, vous ne la verrez jamais… Bien qu’il soit inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, le Palais Stoclet reste fermé au public.

Cet article est paru dans le Télépro du 31/10/2024

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