Histoires de nez

Entraîné, l’être humain peut reconnaître jusqu’à 10.000 odeurs © Getty Images

Épaté ou épatant, de femme ou d’homme, comme le disait Cyrano, sur le nez, on pourrait dire bien des choses en somme. Ce mercredi à 23h sur La Une, «Matière grise» s’intéresse à notre odorat.

Le pleutre, le coquin ! Me demander d’écrire un article sur… le nez. Rastaquouère, faquin ! Me proposer cela, juste pour me provoquer. Moi que cette excroissance complexe depuis l’enfance, moi que la longueur de ce pic met en souffrance. Ne nous escrimons pas plus loin, monsieur le rédacteur en chef adjoint. Chenapan, garnement, de cette péninsule, je traiterai prestement. Sans arriver à la cheville des dimensions nasales que lui attribuait Rostand de manière théâtrale, je m’en vais vous décrire aussitôt les atouts de cet attribut à la manière de Cyrano.

Descriptif

«C’est un roc, (…) c’est un pic !» À vrai dire, cela dépend sous quel angle on observe la bête. Munissez-vous d’une règle. Selon les sources, la longueur moyenne du nez peut varier. Entre 5,5 et 5,8 cm pour un homme adulte, entre 5,1 et 5 cm pour une femme. Dans l’esthétisme cependant, tout est question de proportions. Entre la largeur du nez et la distance entre les narines ou la longueur de la bouche, entre sa longueur et la distance entre les lèvres et l’espace entre les sourcils… Prenez maintenant un rapporteur, car oui, les angles comptent aussi. Croisement du front et de l’arête du nez : 115° pour les femmes, 130° pour les hommes. Si l’angle est supérieur à 130°, Madame, votre nez est trop long. Quant à vous, Monsieur, ce sera le cas s’il dépasse 150°. Axe dessous du nez, dessus des lèvres, lignes arêtes du nez menton… les spécialistes en médecine et chirurgie esthétique se chargent de calculer cela, de voir le moindre hic. En matière de rhinoplastie, habiles comme Scaramouche, ils corrigent les défauts du nez et à la fin, ils touchent.

Admiratif

«Pour un parfumeur, quelle enseigne !» Eh bien pas toujours. J’explique. L’odorat, c’est l’affaire des petits cils qui recouvrent le fond du nez. L’air que nous respirons passe sur eux. Ils sont alors en mesure de transmettre les infos reçues aux neurones olfactifs «qui transforment le message chimique en un message nerveux compréhensible par le cerveau», dixit le portail de vulgarisation scientifique Futura. 10.000, 250.000, 1.000 milliards… «sky is the limit» lorsqu’il est question d’évaluer le nombre de senteurs différentes. Bonnes ou mauvaises, combien sommes-nous capables d’en reconnaître ? Entre 400 et 10.000, si on est entraîné. Certains ont flairé la bonne affaire à plein nez au point d’en faire leur métier. Dans le secteur du parfum, ils sont appelés «les nez». Olivier Polge (L’Eau n°5 de chez Chanel et beaucoup d’autres), Dominique Ropion (La Vie Est Belle Lancôme et beaucoup d’autres)… Ils hument, respirent, font mouche, et à la fin, ils touchent.

Respectueux

«Souffrez, monsieur, qu’on vous salue. C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue !». L’odorat qualifie l’un des cinq sens fondamentaux. Une de ses particularités est la mémoire olfactive de l’enfance. Nos souvenirs ont une odeur, comme le décrit l’Observatoire B2V des mémoires. Pour les souvenir récents, les sons et les images reviennent d’abord à l’esprit la plupart du temps. Les souvenirs olfactifs de l’enfance s’inscrivent sur la durée et ressurgissent avec vivacité : le parfum d’une grand-mère, l’odeur des confitures… L’impact de ces odeurs liées à des moments heureux peut se traduire par une respiration et un rythme cardiaque plus lents. Un état de bien être qui nous détend, des souvenirs olfactifs qui font des escarmouches et à la fin, nous touchent.

Cet article est paru dans le Télépro du 2/11/2023

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