Hôtel Adlon à Berlin : la renaissance d’un hôtel mythique

L'établissement de prestige, à deux pas de la porte de Brandebourg, est connu de tous les Allemands © Isopix

Depuis plus d’un siècle, le cinq étoiles de la Pariser Platz, au cœur de Berlin, est situé juste en face de la porte de Brandebourg. L’hôtel Adlon est indissociable de l’histoire de l’Allemagne. Ce dimanche à 20h05 dans la série documentaire «Hôtels mythiques», Arte nous le fait visiter.

Inauguré en 1907, il a été incendié à la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis partiellement démoli et reconstruit ensuite quasi à l’identique. Fils d’artisan, ébéniste de formation, Lorenz Adlon lance dès 1880 plusieurs restaurants gastronomiques à Berlin où les cuisines françaises et italiennes sont à l’honneur. Cet entrepreneur talentueux bénéficie du soutien de l’empereur Guillaume II lorsqu’il met en œuvre son projet le plus ambitieux : édifier un palace, le plus moderne (eau chaude courante dans les salles de bains, chauffage central, système de refroidissement d’air), le plus luxueux et le plus gourmet (une cuisine raffinée et exotique, des caves abritant 250.000 bouteilles de vin !) du pays.

En mai 1913, la princesse Victoria-Louise de Prusse épouse le prince Ernest-Auguste de Hanovre. L’Adlon accueille les invités de l’empereur, père de la mariée. Le roi d’Angleterre, le tsar de Russie Nicolas II et Guillaume II, tous cousins, s’y retrouvent un an avant le début de la Première Guerre mondiale. Malgré le conflit, le palace continuera d’afficher complet jusqu’en novembre 1918 où il sera à la merci des troupes révolutionnaires. L’empereur abdique et s’exile. À 70 ans, Lorenz assiste à l’effondrement de son univers et souffre du départ de son ami, Guillaume II.

Une élégance intemporelle

Au décès de son père, Louis Adlon prend les rênes. Sous sa direction, l’hôtel connaît son second âge d’or et attire les plus grandes vedettes : Marlene Dietrich, Charlie Chaplin, Enrico Caruso, Albert Einstein, Greta Garbo… Il organise des thés dansants à la mode et met une Rolls Royce à la disposition de sa clientèle.

À l’arrivée au pouvoir d’Hitler, dès 1933, les réunions de propagande s’y tiennent. Plus tard, il est réquisitionné comme hôpital militaire. Le 2 mai 1945, des soldats soviétiques pillent sa cave bien fournie et y mettent le feu. En 1961, lorsque le mur est dressé entre l’est et l’ouest, il se retrouve près de la zone interdite. D’une élégance intemporelle, le nouvel Adlon devra patienter jusqu’en 1997 pour rouvrir ses portes au même endroit, une condition émise par la famille.

Dans le majestueux lobby, une réplique de la fontaine aux éléphants, cadeau d’un maharadja, a retrouvé sa place. Ses suites ont accueilli Bill Clinton, Barack Obama, le Dalaï-lama… C’est aussi d’un balcon de l’Adlon que Michael Jackson a exhibé son bébé Blanket à bout de bras, au-dessus du vide, en 2002.

Près de cinq cents employés veillent au bien-être de la clientèle et préservent l’âme de cette grande maison. Pour une nuitée, il faut compter entre 297 (chambre simple) et 15.000 € (la suite présidentielle).

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 23/7/2020

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