J’<3 les émojis  ;-)

Il existe 3.664 emojis à ce jour, 118 nouveaux sont attendus pour 2024 © Getty Images

Les émojis sont partout… Mais qui tire les ficelles de ce nouveau langage mondial ? Ce mardi à 19h30 sur Arte, «Le Dessous des images» aura pour thème «La fabrique des émojis».

Un cœur qui palpite, des bisous qui crépitent, un visage qui sourit… Les émojis ponctuent toutes nos conversations numériques. Il s’en échange 5 milliards chaque jour rien que sur Messenger, la messagerie de Facebook. Mais d’où viennent ces petites icônes qui déferlent sur la planète ? Ce mardi, sur Arte, «Le Dessous des images» s’intéresse à «la fabrique des émojis».

Une invention… belge !

Dans nos mails ou nos SMS, les émojis ont une fonction très particulière : ils expriment une idée autrement que par des mots. Le concept daterait de… 1841 ! Cette année-là, un journaliste belge, Marcellin Jobard, utilise un point d’interrogation en miroir pour indiquer une phrase à prendre au second degré. Dans la foulée, les typographes du XIXe siècle détournent les signes de ponctuation pour créer des visages expressifs, les premiers émoticônes. Au cours des sixties, les Américains inventent le smiley. Ce petit visage tout jaune et tout rond devient vite populaire.

Mais à partir des années 1990, c’est le pictogramme japonais qui s’impose : l’émoji. Emojipedia, l’encyclopédie officielle des émojis, en recense 3.664 à ce jour. 31 nouveaux émojis ont été créés en 2023. Notamment un cœur rose – réclamé par les usagers depuis de nombreuses années. Et une main – droite ou gauche – levée de profil comme pour dire «stop». 118 émojis inédits sont annoncés pour 2024. Parmi lesquels une personne en fauteuil roulant et des familles non genrées.

Le grec, l’arabe, le cyrillique

Qui crée les émojis ? Pour comprendre, il faut remonter au début de l’informatique. Les ingénieurs sont alors confrontés à l’énorme diversité de langues et d’écritures à travers le monde. À côté de l’alphabet latin, il y a le grec, l’hébreu, l’arabe, le cyrillique… Pour travailler à l’échelle mondiale, il faut un standard informatique. Ce sera Unicode. À sa création, en 1991, Unicode comptait 7.000 caractères. Aujourd’hui, ils sont près de 150.000 couvrant 150 langues. Et parmi eux, on retrouve les émojis. Qui décide d’intégrer ou de créer de nouveaux caractères ? Le Consortium Unicode, une association qui regroupe les grandes entreprises de la tech : Apple, Microsoft, Google, Meta, Amazon et quelques autres. C’est elle qui a approuvé en septembre les 118 nouveaux émojis que nous utiliserons dès 2024.

Indicateurs de tendances

C’est donc dans la Silicon Valley que sont créés tous les émojis utilisés à travers le monde. Et ce n’est pas sans conséquences sur la représentation qu’ils en font… Prenez l’émoji «frites». Ce n’est pas un cornet à la belge, mais un petit pack rouge qui ressemble furieusement à celui servi chez McDonald’s. Le Consortium Unicode subit des pressions de toutes parts, notamment des marques, pour que s’imposent certains émojis.

Il suit aussi les tendances et autres phénomènes de société. Ces dernières années, le souci d’inclusion est constant. Depuis 2015, tous les émojis représentant une personne ou une partie du corps peuvent ainsi être déclinés en cinq couleurs, du blanc au noir. En 2021, on a vu apparaître l’émoji d’un homme enceint. Au grand dam de certains. Le Figaro écrit : «Anecdotique ? Rigolo ? Inoffensif ? Non, révélateur. Car les émoticônes, présents dans toutes les poches sur tous les continents, sont les marqueurs d’une révolution insidieuse des mentalités, selon une mécanique d’ingénierie sociale visant à nous faire accepter une humanité nouvelle, déconstruite et multiculturelle.»

Après, chacun fait ce qu’il veut des émojis. Ainsi, les francophones utilisent les cœurs quatre fois plus que les autres…

Cet article est paru dans le Télépro du 9/11/2023

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