La «Belle Liégeoise» dans la Révolution française

Théroigne de Méricourt telle qu'elle est incarnée dans «La Guerre des trônes» (France 5) © FTV/Nathalie Guyon
Stéphanie Breuer Journaliste

Au printemps 1789, Théroigne de Méricourt, une Belge indépendante et passionnée, est à Paris, où elle s’enflamme pour les idées révolutionnaires. Ce jeudi à 21h55 sur France 5, elle sera évoquée dans «La Guerre des trônes, la véritable histoire de l’Europe».

Pour Jean-Paul Marat, figure de la Révolution française, les femmes «ne doivent prendre aucune part aux affaires». Pourtant, Théroigne de Méricourt n’en a cure. La Liégeoise (dont Bruno Solo dresse le portrait jeudi sur France 5) se passionne pour la politique et joue un rôle dans la Révolution, au point de devenir une icône du féminisme avant l’heure.

Issue d’une famille de paysans aisés, Anne-Josèphe Terwagne, dite plus tard Théroigne de Méricourt, naît en 1762 dans le petit village de Marcourt. Très jeune, elle quitte la principauté de Liège pour rejoindre Anvers, avant de voyager en Angleterre, puis en Italie où elle aspire à une carrière de cantatrice. Passionnée par les idées révolutionnaires et convaincue que le moment est historique pour la France, mais aussi pour la liberté des femmes, elle rejoint Paris au printemps 1789 et assiste aux États généraux réunis à Versailles.

Elle est dans les tribunes lors de l’adoption de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Parmi une assemblée essentiellement masculine, la jeune Belge, habillée avec chapeau et redingote d’homme, ne passe pas inaperçue. Celle qui côtoie Danton, Desmoulins et bien d’autres n’hésite pas à prendre la parole dans les débats et à réclamer le droit de vote pour les femmes.

L’Amazone de la liberté

Alors qu’elle est de retour à Liège, en janvier 1791, Théroigne est enlevée par des nobles exilés français et accusée d’espionnage. Remise aux autorités autrichiennes, qui craignent que les idées révolutionnaires ne dépassent les frontières françaises, elle est emprisonnée, avant d’être innocentée.

De retour à Paris en 1792, celle que l’on surnomme désormais «L’Amazone de la liberté» reprend son combat pour l’égalité des femmes. Elle prononce un discours resté célèbre (le discours des Minimes) dans lequel elle appelle les femmes à montrer «aux hommes que nous ne leur sommes inférieures ni en vertus ni en courage» et milite pour la formation d’un bataillon de femmes dans l’armée.

Le 15 mai 1793, la Liégeoise, cible de nombreuses critiques, est agressée par un groupe de «citoyennes républicaines» ne supportant pas son féminisme. Dénudée et fessée en public, elle ne se remettra jamais de cette agression humiliante qui lui fait perdre la raison. Reconnue folle à l’automne 1794, Théroigne de Méricourt est internée et passe le restant de ses jours dans des asiles.

Elle s’éteint en 1817 à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris. Longtemps oubliée des livres d’histoire, la révolutionnaire, qui a inspiré «Les Fleurs du Mal» à Charles Baudelaire, ne l’est pas des Liégeois puisque, depuis 2016, son surnom de «La Belle Liégeoise» a été donné à la passerelle sur la Meuse, reliant le quartier des Guillemins au parc de la Boverie.

Cet article est paru dans le Télépro du 14/12/2023

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