La musique nous mène à la baguette !

Les sons stimulent de nombreuses aires cérébrales de notre cortex, dont celles responsables de nos émotions © Getty Images
Giuseppa Cosentino Journaliste

Si elle adoucit les mœurs, elle peut aussi… manipuler. Quels sont les pouvoirs insoupçonnés de la musique sur notre cerveau ? Ce samedi à 22h25, Arte s’intéresse aux «Superpouvoirs de la musique».

D’après une étude internationale menée sur près de 2.500 individus de tous bords, les «Quatre saisons» de Vivaldi donnent la pêche, le hit «Somewhere over the Rainbow» procure de la joie tandis que la musique stridente de la scène de la douche dans «Psychose» de Hitchcock crée l’effroi. Quel que soit l’auditeur. Explication : les sons stimulent de nombreuses aires cérébrales de notre cortex, dont celles responsables de nos émotions. La musique nous mènerait-elle à la baguette ?

À l’oreille des marmots

Dès l’enfance, la musique «contribue au bon développement de la motricité et de la coordination, ainsi qu’à l’apprentissage du langage», écrit le neurologue Pierre Lemarquis dans son ouvrage «Les Pouvoirs de la musique sur le cerveau des enfants et des adultes» (éd. Odile Jacob). À Dijon, la soprano Delphine Ribemont-Lambert chante à l’oreille des bébés prématurés afin d’améliorer leur état physiologique.

Les résultats sont visibles. «Les nourrissons s’apaisent, leur respiration et leur rythme cardiaque se font plus réguliers», observe la chanteuse. Selon une étude de l’Inserm, «la musique – de par le rythme qu’elle implique – peut aider un enfant à venir à bout de sa dyslexie. Elle faciliterait également l’apprentissage des langues étrangères». Qui n’a jamais récité l’alphabet en chantant à tue-tête ?

Thérapie musicale

Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent même retrouver des souvenirs grâce à quelques notes familières. «L’écoute de morceaux diminue leur anxiété liée à la perte de leur identité», constate le neuroscientifique Emmanuel Bigand, qui considère la musique comme «un besoin vital, générant de la dopamine, un neurotransmetteur aussi appelé « hormone du bonheur »». Certains hôpitaux utilisent d’ailleurs la musicothérapie pour soulager leurs patients. À l’écoute de leur chanson préférée, ces derniers voient leur niveau de cortisol – hormone de stress –- baisser et leur perception de la douleur diminuer.

Symphonie aux notes salées

Si la musique transforme nos sensations et nos humeurs, elle donne aussi le ton à notre comportement. Parfois à notre insu. «Un son groove lors d’une session de speed dating augmente la probabilité que les personnes se revoient», poursuit Emmanuel Bigand. De même qu’une «musique inspirante améliore les performances sportives durant l’effort et rend plus zen au volant». Un excellent remède face au trafic dense. Mais surtout… une stratégie bien orchestrée pour le marketing sonore !

Partitions commerciales

Une étude de la Sacem a récemment touché une corde sensible en démontrant l’impact de la musique dans les points de vente. «En quelques notes, une marque ou une entreprise doit pouvoir transmettre sa personnalité.» Ainsi, «une musique douce invite à la flânerie alors qu’une musique rythmée incite à la consommation frénétique». La radio, chargée de publicités, est à proscrire ! Une playlist, sans bémol, différera en fonction des rayons : de l’électro pour les vêtements tendance, du classique pour le linge de maison et des notes zen pour les produits sanitaires. La prochaine fois que vous mettrez un pied dans un magasin, tendez l’oreille pour qu’on ne vous joue pas du pipeau !

Cet article est paru dans le Télépro du 30/3/2023

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