La Terre étouffe  ! D’où viendra sa bouffée d’air frais  ?

L'homme, cet animal paradoxal... © Arte

Les scientifiques développent toutes sortes de méthodes pour baisser le thermostat planétaire. Lequel soufflera le vent frais tant attendu ?

Si les chercheurs imaginent des tas de possibilités pour rafraîchir la Terre, les expérimentations se révèlent souvent complexes et coûteuses pour obtenir des résultats à grande échelle. Tour d’horizon des solutions envisagées…

Aspiration directe du CO2

Chaque année, l’homme génère 37 milliards de tonnes de CO2. Ils s’ajoutent aux 1.000 milliards de tonnes libérées dans l’air depuis le début de la révolution industrielle au XVIIIe siècle. La Terre étouffe ! À Hinwil, en Suisse, une usine d’incinération de déchets compte sur son toit douze modules individuels de capture de molécules dans l’air grâce à des filtres chauffés et recouverts de composés chimiques. Leur principale source d’énergie provient de la chaleur produite par l’incinérateur. Ces modules captent 1.500 tonnes de dioxyde de carbone par an. Et après ? Il reste à les minéraliser en les réinjectant dans les sous-sols !

En Islande, terre de séismes et d’éruptions volcaniques, la centrale géothermique de Hellisheiði teste cette méthode. Le basalte, roche poreuse, s’y marie bien avec le CO2. Les scientifiques ont trouvé le moyen d’accélérer le processus par une dissolution dans l’eau, «à l’image d’une machine à soda géante» résument-ils dans le documentaire d’Arte. Cette eau gazeuse est ensuite envoyée dans des puits d’injection à plus de 600 m sous terre. Ce procédé gourmand en eau est utilisable partout où la roche peut confiner le CO2. Mais il est difficile à développer pour traiter d’importantes quantités et demande à la nature deux ans de «recyclage».

Biocarburants

Des centaines de chercheurs étudient le recyclage des émissions de dioxyde de carbone en un nouveau carburant liquide neutre. S’ils réussissent, les émissions diminueront d’un milliard de tonnes par an.

À Zurich, l’équipe d’Aldo Steinfeld pense avoir trouvé une solution grâce à la lumière du soleil et à l’air ambiant. Cela relève d’un transfert d’énergies. Après avoir été captés dans l’air, le CO2 et l’eau sont injectés dans un réacteur solaire qui les transforme en un gaz de synthèse transformé à son tour en méthanol. Problème, produire ce carburant coûte six fois plus cher que le kérosène…

À l’Université de Francfort, des chercheurs ont recours à des bactéries pour convertir le dioxyde de carbone en éthanol. À long terme, ils espèrent les modifier génétiquement afin qu’elles utilisent les gaz émis par les décharges industrielles et les transforment en carburant.

Reforestation

Planter des arbres reste la solution la moins coûteuse. L’exemple de la Chine revient souvent. Depuis plus de trente ans, Pékin pilote un projet de reforestation de pins et peupliers au cœur de la Mongolie. Cette muraille végétale de 4.500 km devrait être achevée en 2050.

D’après une étude de la Nasa, les arbres absorbent une quantité de dioxyde de carbone équivalente à la moitié de leur poids. La Terre compte 3.000 milliards d’arbres. Il en faudrait 1.200 milliards de plus et la superficie des États-Unis, soit plus de 9 millions de km2 ! Cette projection se heurte aux besoins alimentaires de l’Homme (appelés à doubler d’ici 2050) et à la nécessité de terres cultivables.

À l’institut allemand Max Planck, une équipe de microbiologistes développe, elle, des enzymes synthétiques qui permettraient aux plantes d’absorber davantage de gaz carbonique. Les expériences sont toujours en cours. La science déborde d’idées. Le défi : les réaliser !

Cet article est paru dans le Télépro du 15/04/2021.

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