Les plaies de l’humanité

Image extraite du documentaire «Les 10 catastrophes qui ont marqué la planète» (Tipik) © RTBF
Alice Kriescher Journaliste

Ce lundi à 20h30, Tipik liste «Les 10 catastrophes qui ont marqué la planète», qu’elles soient naturelles ou provoquées par l’homme.

Caprices climatiques ou accidents techniques, depuis que l’homme est sur cette planète, il n’est pas épargné par les calamités. Petit tour d’horizon, non exhaustif, de certains des plus grands drames de notre histoire.

Faute originelle

Depuis que l’homme s’est mué en architecte, bâtisseur ou ingénieur, nous savons que le risque zéro n’existe pas et que l’erreur humaine est toujours possible. Mais à quand remonte la première grande catastrophe due à un manque de jugement ? Il semblerait que ce soit en 1802, lors de la rupture du barrage de Puentes, en Espagne. Construit entre 1785 et 1791 dans le but d’irriguer la région de Murcie, ce barrage devient l’un des plus grands d’Europe. Ce n’est que onze ans après la fin de sa construction que les pluies le remplissent enfin entièrement. «Le 30 avril 1802, à 15 h, le barrage cède sous la pression et laisse échapper les eaux qui atteignent une heure plus tard la ville de Lorca, causant la mort de 608 personnes», détaille Le Figaro. «Une enquête est confiée à Agustín de Betancourt, ingénieur de renom formé en France. Il conclut à une erreur d’appréciation de la qualité des sols qui aurait entraîné une fragilité des fondations.»

Titanic sénégalais

Si nous avons tous en mémoire la catastrophe du Titanic, en 1912, ou, exactement un siècle plus tard, le naufrage du Costa Concordia, nos eaux ont été le théâtre de bien d’autres événements meurtriers. Le 26 septembre 2002, le Joola, ferry assurant la liaison entre Dakar et la région de Casamance au sud du Sénégal, embarque environ 2.000 passagers alors que sa capacité maximale est de… 550 personnes. À 23 heures, des pluies tropicales s’abattent sur l’embarcation : le Joola se retourne en moins de dix minutes, à quarante kilomètres de la côte. Celui que l’on surnommera le «Titanic sénégalais» fait, selon les décès enregistrés parmi les passagers, 1.864 morts dont près de 500 enfants. En 2003, la justice sénégalaise conclut que le seul responsable de ce drame est le commandant de bord, disparu dans le naufrage…

Mayday, mayday !

Le transport aérien n’est pas en reste. Le crash du Concorde, par exemple, s’est inscrit dans notre mémoire collective. Le 25 juillet 2000, ce fleuron de l’industrie française, qui devait relier Paris à New York, s’écrase juste après son décollage sur un hôtel de Gonesse, en région Île-de-France. Cent passagers perdent la vie, neuf membres d’équipage et quatre personnes séjournant dans l’hôtel. En cause, selon le rapport officiel : l’éclatement d’un pneu causé par une lamelle métallique. Cet accident, qui a traumatisé la France, ne fut cependant pas le plus meurtrier sur le sol hexagonal. Le 3 mars 1974, un avion de la Turkish Airlines décolle d’Orly direction Londres. Très vite après le départ, une porte arrière de l’appareil s’ouvre en plein vol, provoquant une dépressurisation explosive. Le triréacteur s’écrase dans la forêt d’Ermenonville, dans l’Oise. Tous les occupants, soit 346 personnes, y perdent la vie.

Dragon noir

Ces dernières années, la menace d’incendies meurtriers s’intensifie à mesure que la saison estivale s’échauffe. L’été 2023 n’a pas été épargné : Hawaï, Canada, Tenerife, Grèce… la planète s’est embrasée. En mai 1987, c’est la Chine qui subissait le plus grave incendie de son histoire récente. Le 6 mai, le feu, que l’on surnommera «dragon noir», débute dans les forêts de conifères de Da Hinggan, au nord-est du pays, et ne sera maîtrisé que près d’un mois plus tard, le 2 juin. Le dragon mortifère va couvrir près de 10.000 kilomètres carrés, détruire plus d’un million d’hectares, dont 70 % de forêts, et réduire trois villes en cendres, parmi lesquelles Xilinji qui compte 20.000 habitants. 200 personnes périssent dans les flammes et plus de 50.000 se retrouvent sans-abri.

Deuil national

Notre petit pays a vu son histoire marquée par d’indicibles drames. L’incendie de l’Innovation à Bruxelles en 1967 (251 morts), ou le drame du Heysel en 1985 (39 morts), par exemple, resteront gravés dans la mémoire collective. Plus récemment : les inondations de juillet 2021. Cette année-là, la série de crues qui affectent l’Europe de l’Ouest va toucher nos provinces du Hainaut, Namur, Liège, Luxembourg, Brabant Wallon, Limbourg et la Région de Bruxelles-Capitale. Cette catastrophe naturelle provoque la mort de 39 personnes et devient la plus meurtrière de notre histoire. Autre époque, autre drame d’envergure sur notre territoire, le 8 août 1956, le Bois du Cazier, site minier de Charleroi, engloutit 262 hommes, principalement Belges et Italiens, descendus sous terre pour effectuer leur tâche ingrate dans des conditions plus que précaires. Il s’agit de l’événement belge le plus meurtrier en temps de paix et la plus grande catastrophe minière de notre histoire.

Réchauffement meurtrier

En 2003, la canicule frappe lourdement l’Europe, dont la Belgique, et provoque un excès de mortalité faisant 45.000 à 50.000 victimes sur notre continent. Selon l’Unicef, entre 2016 et 2021, les catastrophes alimentées par le changement climatique ont provoqué 43,1 millions de déplacements d’enfants. D’après l’ONU, de 2000 à 2020, le changement climatique est le principal responsable du doublement des catastrophes naturelles. En deux décennies, les désastres naturels ont tué plus de 1,2 million de personnes. 

Cet article est paru dans le Télépro du 12/10/2023

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