L’ouïe et ses mystères

Une personne sur six souffre d’une perte auditive ! © Getty Images
Giuseppa Cosentino Journaliste

Vous pensiez avoir tout entendu sur l’ouïe ? Ce mercredi à 23h sur La Une, «Matière grise» dévoile les clés méconnues de ce sens extrêmement sensible.

Disposer d’une bonne audition est essentiel pour mieux comprendre le monde. Un effleurement, un froissement, un grincement… donnent lieu à une interprétation. Mais qu’est-ce qui rend nos oreilles si précieuses ?

Pas sans l’ouïe

Même sans les voir, l’ouïe fournit une foule d’informations sur les détails du quotidien. Nous savons tout de suite si la circulation dehors est dense, si les voitures roulent à vive allure ou non. Nous pouvons même deviner, au son des klaxons, si les conducteurs sont irrités. Ce sont aussi nos oreilles qui palpent l’atmosphère : une pièce vide n’aura pas la même résonance qu’une salle comble. De même qu’un film d’horreur n’aura pas la même saveur sans le son… Les clapotis sur une vitre sont signe de pluie, le crépitement dans la cheminée indique que le feu est allumé. Ces signaux sonores, omniprésents, influencent nos actions : les sirènes d’une ambulance nous incitent à réagir vite tandis que l’alarme stridente de notre véhicule nous rappelle le port de la ceinture. Nos délicats pavillons peuvent reconnaître une voix parmi celles de milliards d’individus ! Et en détecter la provenance. Même quand nous dormons, nous continuons d’entendre. Comment pourrions-nous pester contre notre réveil sinon ?

L’oreille cassée

Cependant, l’OMS estime que «12 % de la population belge souffre d’une perte auditive». Ce qui correspond grosso modo à la moyenne mondiale d’«une personne sur six» ! Plus inquiétant : «Seulement un tiers de ces personnes portent un appareil auditif.» Or on sait qu’un trouble de l’audition «nous expose plus aux accidents et aux chutes». En cause, la baisse de vigilance qui en découle. À titre indicatif, on recense quatre niveaux de surdité : léger (20 à 39 dB de perte auditive), moyen (40 à 69 dB), sévère (70 à 89 dB) et profond (plus de 90 dB). Un bruit est considéré comme toxique à partir de 90 dB, soit le son d’une foreuse. «Si cette pollution sonore dure quelques secondes, c’est sans danger, pour autant que cela ne se répète pas régulièrement», avertit l’oto-rhino-laryngologiste Françoise Genard. «Une conversation normale atteint les 50 dB. C’est à partir de 70 dB qu’un son, émis trop longtemps, peut commencer à abîmer vos oreilles.»

Ne faites pas la sourde oreille !

Trois facteurs conditionnent l’ouïe : l’âge, la génétique et l’exposition au bruit. «Pour les deux premiers, il n’y a pas grand-chose à faire», prévient-elle. «En revanche, pour préserver son audition, mieux vaut éviter les bruits trop intenses.» Exit les «discothèques, concerts et festivals à la musique amplifiée», alerte le Conseil supérieur de la santé. Ces signaux doivent vous mettre la puce à l’oreille : perte de compréhension dans les espaces bruyants, sifflements, hypersensibilité aux sons forts ou acouphènes. Quand on sait que «10 à 30 % de la population en sont atteints», ajoute le CSS… Enfin, il est recommandé d’utiliser des bouchons d’oreille lors d’activités bruyantes, de faire contrôler son audition à temps, de diminuer le son de ses écouteurs ou casque, tout en n’excédant pas une heure d’écoute et… de bannir les cotons-tiges. À bon entendeur !

Le saviez-vous ?

  • Nos deux oreilles n’entendent pas de la même manière. Si la droite est plus sensible à la musique, la gauche serait plus disposée à la parole.
  • Nos oreilles grandissent tout au long de notre vie.
  • Seule une personne sur dix mille serait dotée de l’oreille absolue, cette capacité d’identifier une note de musique jouée isolément, sans aucune référence auditive préalable. Les exemples les plus célèbres sont Bach, Mozart, mais aussi Michael Jackson, Mariah Carey et Lady Gaga.

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