Monte-Cristo : aux racines d’une légende littéraire 

Cette année, Pierre Niney a remis Edmond Dantès au goût du jour © Prod.
Alice Kriescher Journaliste

Plongeon dans une enquête, au cœur du XIXe siècle, pour découvrir les origines de l’un des héros romanesques les plus célèbres : le comte de Monte-Cristo. Ce dimanche à 22h20 sur La Trois, un documentaire relate «La Véritable histoire du comte de Monte-Cristo».

180 ans après sa publication, par Alexandre Dumas (1802-1870) dans le Journal des Débats, l’histoire incroyable d’Edmond Dantès, ce jeune marin injustement emprisonné au château d’If près de Marseille, qui se transforme en noble comte pour se venger de ceux qui l’ont trahi, n’en finit pas de fasciner le public. En témoigne le long métrage sorti cette année, porté par Pierre Niney et signé du duo La Patellière-Delaporte, qui fut une véritable réussite avec près de 10 millions d’entrées dans les salles hexagonales. Où Dumas a-t-il puisé son inspiration pour passionner à ce point les foules à travers le temps ?

S’inspirer du réel

L’année 1844 fut particulièrement féconde pour Alexandre Dumas père. D’abord, de mars à juillet, il publie le premier volet des « Trois Mousquetaires », dans le journal Le Siècle, en s’inspirant de la véritable compagnie des Mousquetaires du Roi et de son capitaine-lieutenant, Charles de Batz de Castelmore dit D’Artagnan… D’août à octobre de la même année, avec la collaboration d’Auguste Maquet, Dumas régale à nouveau ses lecteurs grâce à une histoire inédite : celle du comte de Monte-Cristo. La question se pose alors : a-t-il eu également recours à une histoire vraie pour élaborer sa fiction ?

« Quand Alexandre Dumas écrit un roman, il part souvent de faits réels, en faisant une sorte d’enquête », rappelle Armelle Baduel, administratrice du château d’If, dans 20 Minutes. « Pour écrire «  Le Comte de Monte-Cristo  », il s’est inspiré d’un fait divers qui s’est déroulé à Nîmes. »

Destins miroirs

Pour élaborer son intrigue, Alexandre Dumas s’est bel et bien appuyé sur les écrits de Jacques Peuchet, un archiviste français spécialisé dans les affaires policières, mort en 1830. Dans ce recueil, on retrouve l’histoire de Pierre Picaud (appelé aussi François, voire François-Pierre), un cordonnier nîmois, dont le destin est similaire à celui d’Edmond Dantès.

En 1807, Picaud est amoureux d’une jeune femme riche, qu’il compte bien épouser. Mais l’un de ses prétendus amis, Mathieu Loupian, un commerçant du coin, est jaloux de sa bonne fortune et affirme à la police que François est en réalité un agent au service de l’Angleterre, principale ennemie de la France à l’époque. Ce n’est qu’affabulations, mais Picaud va tout de même passer sept ans en captivité. Lorsqu’il est libéré, il change son identité pour celle d’un religieux et s’emploie à anéantir les responsables de son injuste déroute…
Amour, trahison, vengeance, les grandes lignes des destins de Picaud et Dantès s’entremêlent. À la fin de sa vie, Picaud aurait confié son histoire à un prêtre qui aurait lui-même révélé ce récit à la police, la consignant dans ses archives.

Poupées russes

Mais l’enquête pour découvrir qui est le « véritable » comte de Monte-Cristo ne s’arrête pas là : le fait divers relatant l’histoire de François Picaud serait aussi… une fiction inspirée des véritables aventures d’un certain Gaspard-Étienne Pastorel, un forçat marseillais. « Gaspard-Étienne Pastorel, qui a été condamné aux galères, a emprunté plusieurs identités, comme dans l’histoire de Picaud et de Monte-Cristo et dont, apparemment, on retrouverait trace dans les archives de la Préfecture de police de Lyon », explique Isabelle Safa, spécialiste de l’œuvre d’Alexandre Dumas, sur France Culture. « Derrière Picaud, il y aurait Pastorel. » Une belle intrigue à tiroirs ! 

Cet article est paru dans le Télépro du 26/12/2024

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