Mythologie : amazones, la vérité exhumée

La légende des Amazones aurait été inspirée par les cavalières scythes, vivant au nord de la mer Noire © France 5/Zed
Alice Kriescher Journaliste

De la Sibérie à la Mongolie, en passant par l’Arménie, avec le documentaire «Les Amazones, femmes guerrières de l’Antiquité» à voir ce jeudi à 21h05, France 5 tente de démêler le vrai du faux dans la légende qui entoure les guerrières Amazones.

Longtemps considérées comme un mythe pur et simple, les Amazones, ces femmes combattantes, courageuses et indépendantes, sont aujourd’hui étudiées par les archéologues et les scientifiques. Leurs dernières découvertes posent une question : ces femmes ont-elles réellement existé ?

C’est un beau roman…

Dans la mythologie grecque, les Amazones sont les filles d’Arès, dieu de la guerre, et de la nymphe Harmonie. Guerrières à cheval, munies d’un arc, elles affrontent les hommes d’égal à égal et évoluent exclusivement entre femmes allant, selon la légende, jusqu’à tuer leurs fils. Une posture féminine de matriarche libre, alors en totale opposition avec la société grecque de l’époque particulièrement patriarcale. C’est avec Homère et son « Iliade », au VIIIe siècle avant J.-C., que les Amazones intègrent la fiction littéraire. «Cependant, bien avant ce texte, chaque homme, femme ou enfant du pays connaissait l’histoire fascinante des Amazones», relate le National Geographic. «Elles étaient des sujets populaires sur les poteries ou les sculptures publiques. Temples et monuments étaient décorés de scènes vibrantes mettant en scène les illustres combattantes.»

Preuves biologiques

La question sur les Amazones, véritables archétypes féminins qui semblent échapper à toute réalité, était tranchée depuis un moment : il s’agissait de personnages mythologiques qui avaient leur place aux côtés des autres créatures légendaires. C’était compter sans les découvertes archéologiques de ces dernières années. Pendant longtemps, on est parti du principe que la mise au jour d’un squelette enterré avec des armes était forcément celui d’un homme, tandis que la présence de bijoux indiquait l’inverse… Une présomption qui a été démentie lorsque l’archéologie a pu affiner ses exhumations grâce à l’étude de l’ADN. «Dans toute la région de la mer Noire et jusqu’à l’Asie centrale, on a trouvé des tombes qui contiennent les os de femmes de tous les âges. Elles sont enterrées avec leurs armes, leurs chevaux et parfois leurs armures», indique l’historienne américaine Adrienne Mayor, spécialiste du sujet, sur France Culture. «Nous savons qu’elles portaient des pantalons et des tuniques, qu’elles avaient des blessures de guerre et qu’elles étaient enterrées avec les mêmes honneurs que les hommes.»

Inspiré de faits réels

Ces squelettes de guerrières seraient-ils ceux d’Amazones ? En réalité, ils appartiendraient à une authentique communauté de cavaliers et cavalières nomades, vivant en Eurasie, les Scythes. C’est dans les coutumes de ce peuple que les Grecs auraient puisé leur inspiration pour créer la figure de l’Amazone. «Chez les nomades scythes, contraints de se déplacer sans cesse pour trouver des pâturages dans un environnement hostile et de lutter contre des tribus adverses, chaque membre du groupe était nécessaire à la survie», détaille Ça m’intéresse. «Résultat, les filles comme les garçons apprenaient à monter à cheval et à manier les armes. Leur mode de vie imposait l’égalité. Les Grecs auraient rencontré ces guerrières des steppes lors de leurs expéditions dans la mer Noire, Hérodote en fait d’ailleurs mention dans ses « Histoires ».»

Coupez ce sein ?

Si des femmes guerrières ont donc bel et bien existé, la figure de l’Amazone est néanmoins agrémentée de quelques fantaisies. Ne parlons que de l’idée répandue qu’elles se coupaient un sein pour décocher leurs flèches plus aisément. «C’est absolument faux !», poursuit Adrienne Mayor. «Je me suis aperçue que ce mythe a été créé au Ve siècle avant J.-C. par un historien grec. Il cherchait à savoir ce que le mot «Amazone» signifiait en grec. C’est un mot étranger que les Grecs ont emprunté, et il se trouve qu’«Amazone» ressemble au grec «a-mazos», «sans sein».

Cet article est paru dans le Télépro du 29/2/2024

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