Narbonne, Rome du Midi

Extrait du documentaire «Narbonne, la seconde Rome» © Arte/MC4

La cité du sud de la France fut l’une des plus grandes métropoles de l’Empire romain en Gaule.

Avec ses 55.000 habitants, Narbonne est une ville tranquille du Midi. Située sur le canal de la Robine, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, elle a été l’un des plus hauts lieux de l’Antiquité romaine.

Seconde Rome

«À Festus, 10 ans, et Aquila, 8 ans, Julia Protogenia à ses chéris.» En août 2019, aux portes de la ville, une vaste nécropole de 1.650 tombes est mise au jour. Deux mille ans plus tard, la douleur d’une maman romaine est écrite sur une stèle…

Ce qui enthousiasme d’abord les archéologues, c’est que le site est incroyablement bien conservé grâce aux crues successives du fleuve l’Aude durant l’Antiquité : il était enseveli sous une gangue de limon et d’argile d’environ 3 m d’épaisseur.

Ensuite, le site leur apprend l’introduction de nouveaux rites funéraires correspondant à l’implantation romaine. En bord de Méditerranée, placée sous l’égide du dieu Mars, Narbo Martius a été une place maîtresse du commerce maritime entre Rome et ses colonies. D’où son surnom de «seconde Rome».

Si sa colonisation date de 118 avant notre ère, elle a rayonné durant trois siècles. Comme en témoignent d’autres fouilles révélant les vestiges de quartiers d’habitation, exploitations viticoles, installations portuaires, un amphithéâtre et une luxueuse villa de 2.500 m2  ! Et l’archéologie sous-marine dévoile aussi des épaves antiques aux riches cargaisons.

Métropole florissante

L’exploration de tombes sur une parcelle de 2.000 m2 a permis de cerner l’histoire des habitants, décrypter leurs origines et leurs coutumes. «Une découverte comparable à Pompéi», se réjouit Valérie Bel, responsable du chantier.

Une équipe d’Arte l’a suivie pour le documentaire «Narbonne, la seconde Rome», diffusé ce samedi à 20h50, alimenté d’éclairages d’historiens et de reconstitutions en images 3D dévoilant une métropole antique florissante. «Par sa position géographique, Narbonne fut la première colonie romaine de Gaule, avec une population principalement italienne et marquée par un brassage important. Dans la nécropole, on a retrouvé des vestiges d’amphores venant d’Espagne, de Grèce…»

Conduits à libation

Ce lieu d’inhumation très structuré a fourni une quantité phénoménale d’infos. «Nous avons découvert des conduits à libation, des dispositifs destinés à garder le contact avec les morts. Ils versaient notamment du vin à l’intérieur de la tombe depuis la surface», ajoute l’archéologue.

Les vivants transmettaient ainsi leurs offrandes aux morts. «Ils disposaient aussi de salles-à-manger où les familles se réunissaient en l’honneur des défunts et de puits dédiés aux rites alimentaires.» Dans les sépultures d’enfants, son équipe a découvert des objets personnels : bracelets, amulettes de protection, biberons…

D’après les épitaphes retrouvées et les tombes assez modestes, la plupart des morts devaient être des esclaves et des affranchis ainsi que des petits commerçants et artisans.

Cet article est paru dans le Télépro du 17/6/2021

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