Neuschwanstein : un château de conte de fées

Contrastant avec la verdure des forêts alpines, cet immense édifice blanc a inspiré Walt Disney pour le palais de la Belle au bois dormant de son premier parc d’attractions © Arte/Loopfilm
Stéphanie Breuer Journaliste

Construit au XIXe siècle par le roi Louis II de Bavière, le château de Neuschwanstein, perché sur un éperon rocheux, est l’un des plus beaux d’Europe. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «La “folie” de Louis II – Neuschwanstein, le château enchanté».

«Le lieu est l’un des plus beaux du monde, sacré et inatteignable, digne d’un temple…», écrivait Louis II de Bavière à son ami, le compositeur Richard Wagner. Construit pour l’éloigner des foules, le refuge du monarque réputé fou attire aujourd’hui plus d’un million de visiteurs chaque année. Samedi soir, Arte nous emmène au cœur des Alpes bavaroises, non loin de la frontière autrichienne, à la découverte du château de Neuschwanstein («le nouveau rocher du cygne»), dont la silhouette blanche et fuselée évoque les contes de fées.

Délaissé par ses parents dès son plus jeune âge, le jeune Louis (né en 1845) est un enfant solitaire et fantasque. Devenu roi à 18 ans, Louis II de Bavière s’intéresse peu à la politique, à laquelle il préfère les arts – il est d’ailleurs le mécène de Richard Wagner dont les œuvres le fascinent. Souffrant de phobie sociale, il s’isole de plus en plus dans ses différents châteaux des Alpes. Après sa défaite lors de la guerre austro-prussienne, le monarque fuit encore un peu plus la réalité et préfère se rêver à la tête d’un royaume imaginaire.

Refuge d’un roi solitaire

Au centre de celui-ci, le Roi, passionné d’architecture et de décoration, aspire à se créer un refuge. Loin d’envisager un édifice de prestige ou une démonstration de pouvoir, il imagine plutôt un château médiéval digne d’un conte de fées, encore plus grand et plus majestueux que celui de son enfance – le château de Hohenschwangau -, mais équipé de tout le confort moderne (chauffage, eau courante…).

Après le dynamitage d’un morceau de montagne pour y installer les fondations, son rêve commence à devenir réalité lorsque la première pierre est posée en 1869. Le défi est de taille pour les architectes Eduard Riedel et Christian Jank : aux difficultés engendrées par l’emplacement en altitude dans les Alpes bavaroises, s’ajoutent les exigences du souverain, qui passe en revue les moindres détails au risque de ralentir les travaux. Pour satisfaire ses vœux souvent excentriques, les architectes remanient sans cesse leurs plans et utilisent des techniques modernes (fondations cimentées, murs en briques recouverts de calcaire…), contrastant avec la décoration qui mêle les styles gothique, roman, byzantin et rococo.

Richement décoré

Sur les 6.000 m² de superficie, l’édifice compte deux cents pièces, dont seulement une quinzaine seront achevées et richement décorées. Les murs sont ornés de peintures magnifiques – dont beaucoup sont des références aux œuvres de Richard Wagner (à qui Louis II dédie d’ailleurs le château) ou aux légendes médiévales et aux mythes scandinaves ou germaniques, chers au cœur du Roi. La chambre royale, dont les boiseries en chêne auraient mis quatre ans à être sculptées, vaut, elle aussi, le détour. Jamais totalement achevé, ce somptueux château a valu au fantasque Louis II le surnom de «roi de conte de fées». Pourtant, le souverain, qui s’y installe en 1884, y aura vécu à peine deux ans. Car, en 1886, un jour après avoir été déclaré aliéné et incapable de régner, il meurt dans d’étranges circonstances…

Cet article est paru dans le Télépro du 21/12/2023

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