Pays-Bas et agroalimentaire : des exportateurs hors pairs !

Le pays est jalonné de vastes serres hi-tech par centaines dans lesquelles abondent poivrons, tomates, concombres, piments, oignons... © Getty Images

Nos voisins néerlandais sont les deuxièmes exportateurs mondiaux de produits agricoles. De quoi en faire tout un fromage. Ce lundi à 18h55, Arte diffuse le documentaire «Pays-Bas, les sorciers de nos assiettes».

Décidément, ils sont partout ! Des bord des circuits de F1 aux routes cyclistes, pour encourager le pilote Max Verstappen ou le coureur Mathieu Van Der Poel, ils hissent leurs couleurs !

Prince d’Orange

Leurs couleurs ? Pas celles du drapeau national bleu-blanc-rouge. Le ton des supporters néerlandais, c’est l’orange, «l’oranje» comme ils disent. Un souvenir qui datent du XVIe siècle. À l’époque, celui qui mène la révolte des Pays-Bas contre l’Espagne et conduit le pays à l’indépendance s’appelle Guillaume Nassau et il est prince d’Orange. CQFD. L’orange, un fruit. Pas certain que ce soit lui qui fasse les beaux jours de l’agroalimentaire de nos voisins bataves. Quoique, qui sait, un jour peut-être… En attendant, le secteur mériterait d’avoir lui aussi des supporters pour chanter ses louanges.

Maousse costo

Les chiffres sont là, indiscutables. En 2022, pour ce pays dont la superficie est à peine plus grande que celle de la Belgique (41.000 km² contre 30.000), les exportations agricoles se sont élevées à 122,3 milliards d’euros (Belgique : 35,1 milliards d’euros pour les produits alimentaires et les boissons, chiffres de la Fédération de l’industrie alimentaire belge).

Ce résultat lui vaut de prendre la deuxième place sur le podium de la spécialité, derrière les États-Unis, 270 fois plus grands ! «Les Pays-Bas sont votre partenaire pour trouver des solutions en matière d’agriculture et d’alimentation», affiche sur sa page d’accueil paysbasetvous.nl, le site commun à toutes les représentations néerlandaises dans le monde. Pour le pourquoi du comment, suivez le guide.

Grande famine

À la fin de l’année 1944, la partie (nord) du royaume occupée par les nazis fait face à une famine sans précédent. En plus des restrictions imposées par l’occupant à une population récalcitrante, la libération est plus compliquée que prévu et l’hiver particulièrement rude. Les trains sont bloqués par des grèves, les cours d’eau sont gelés, l’accès à la nourriture est compliqué. Comme le rappelle le magazine en ligne slate.fr, entre 20 et 25.000 Néerlandais meurent de malnutrition durant cet «hiver de la faim». Celui-ci dure jusqu’à la capitulation allemande, en mai 1945. De nombreux citoyens devront la vie à la fleur emblématique du pays, la tulipe, qu’ils consommeront sous forme de soupe. Au lendemain de ce dramatique épisode, le pays est décidé à ce que plus jamais l’histoire ne se répète. Il s’organise.

Révolution verte

Aujourd’hui, les Pays-Bas sont devenus ce que certains n’hésitent pas à qualifier de Silicon Valley de l’agriculture européenne. La «révolution verte» commence dans les années 1990. Elle repose sur un travail acharné des scientifiques dans des domaines comme le génie génétique (pour un légume ou un fruit, produire des caractéristiques souhaitées et éliminer celles qui sont indésirables), la géomatique (à la croisée entre géographie et informatique pour la gestion du sol), l’intelligence artificielle et l’étude des spectres lumineux (la lumière bleue favorise la croissance et le développement des plantes). L’État joue son rôle en soutenant notamment les universités et leurs chercheurs. Quant aux entrepreneurs, ils investissent dans le secteur et le développent.

Serres hi-tech

Extérieurement, cela se matérialise par des étendues à perte de vue de gigantesques serres hi-tech, «une technique qui permet d’éliminer presque complètement l’utilisation des pesticides chimiques», précise Radio Canada. En prime, les agriculteurs néerlandais utilisent 15 fois moins d’eau que les États-Unis et 30 fois moins que la Chine pour produire 1 kg de fruits ou de légumes. «Si tout le nord des Pays-Bas était recouvert de serres aussi productives que la nôtre, la récolte suffirait à nourrir la totalité de la planète», déclare un de ces producteurs au magazine GÉO.

Records de production

Concombres, champignons, oignons, piments, poivrons, tomates… battent des records de production par rapport à l’espace utilisé. Ajoutez des techniques performantes de conservation et d’emballage, un réseau logistique qui ne l’est pas moins… En guise de porte-voix, le site paysbasetvous.nl claironne : «Cueillis le matin aux Pays-Bas, les légumes sont sur les étals de New York moins de 24 h plus tard !» Les supporters «oranje» traduiraient par : Hup Holland, hup ! Allez Hollande, allez !

Cet article est paru dans le Télépro du 31/8/2023

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