Reines d’Égypte, de l’ombre à la lumière

Image extraite de la série documentaire «Reines de l'Égypte antique» à voir sur Arte © Arte

En droit égyptien, à l’époque des pharaons, la femme est l’égale de l’homme. En est-il de même quand elle accède au pouvoir ? Retour sur trois femmes d’exception à l’occasion d’un triptyque que leur consacre Arte ce samedi dès 20h50.

Tiyi, la mère d’Akhenaton

Elle vit au cœur du XIVe siècle avant J.-C. Tiyi est l’épouse d’Amenhotep III et surtout, la mère d’Amenhotep IV. Mieux connu sous le nom d’Akhenaton, ce dernier est célèbre pour avoir introduit la religion monothéiste dans l’Égypte ancienne. Tiyi partage le pouvoir avec son époux qui l’associe à toutes les décisions et aux grandes manifestations, notamment, promotion suprême, en la désignant comme officiante lors du jubilé du pharaon. Mais bien plus que ce rôle qui peut paraître protocolaire, elle aurait eu une importante influence diplomatique en lieu et place du pharaon, affaibli par la maladie. Elle aurait exercé une véritable régence, profitant de sa position pour infléchir la religion en étant à la base de grandes réformes. Serait-elle l’initiatrice du développement du culte d’Aton si cher à son fils, Akhenaton ? On peut aisément l’imaginer. Mais il ne fait aucun doute que cette fille d’un riche propriétaire terrien et d’une chanteuse a exercé une fonction importante et reconnue dans la statuaire égyptienne.

Cléopâtre II, l’épouse des Ptolémée

La consanguinité ne semblait pas poser de problème au sommet de l’ancienne Égypte. En ce deuxième siècle avant notre ère, la dynastie ptolémaïque règne dans l’ancien empire désormais hellénisé. Cléopâtre II est la sœur de Ptolémée VI, qu’elle épouse en 172 et lui donne quatre enfants. Lorsque son mari décède au cours d’une bataille, elle devient régente avant d’épouser son second frère, Ptolémée VIII, avec lequel elle aura un fils. Mais Ptolémée VIII, bien décidé à régner seul, fait occire son neveu et épouse sa nièce connue sous le nom de Cléopâtre III. Deux reines pour un seul État, c’est une de trop et lorsque Ptolémée VIII fait assassiner son fils de 13 ans, il envoie le corps dépecé à son ex-épouse. C’est un casus belli. Le conflit se termine par le partage de l’empire, Cléopâtre II prenant le pouvoir à Alexandrie dont s’empare ensuite le pharaon. Cléopâtre se réfugie en Syrie en ayant soin d’emmener le trésor royal. Elle reviendra finalement au pays pour gouverner en compagnie de sa nièce et de son mari. Ptolémée VIII et Cléopâtre II mourront la même année, en 116 avant notre ère.

Cléopâtre Séléné, reine de Maurétanie

Elle ne vivra pas quarante ans et pourtant, que de mythes et de fantasmes traduits par la littérature et le cinéma autour de Cléopâtre (en réalité, Cléopâtre VII) ! Elle a fait battre bien des cœurs, dont ceux de Jules César et de Marc-Antoine, alors que Rome s’implante sur les rives de la Méditerranée. On ne compte d’ailleurs plus les nombreux enfants qu’elle a eus avec ses maris et ses amants. De ses amours avec Marc-Antoine, elle aura notamment une fille, Cléopâtre Séléné II. À la mort de sa mère, celle-ci est confiée à Octavie, la sœur du général romain, qui s’occupe de son éducation à Rome. Devenue l’épouse du roi Juba II de Maurétanie – à ne pas confondre avec la Mauritanie -, son royaume s’étend au nord de l’Algérie avec pour capitale Césarée, l’actuelle Cherchell. L’influence de Cléopâtre Séléné est déterminante dans les choix artistiques, littéraires et architecturaux de cette cité particulièrement prospère, dont les monuments rivalisent avec ceux des grandes villes de l’époque. Séléné mourra en l’an 5, après avoir vécu soixante-cinq ans d’une vie riche et intense, faisant d’elle une souveraine éclairée et cultivée, parfaite symbiose des mondes égyptien, grec et romain. Sa sépulture, parfaitement conservée non loin de la cité romaine de Tipaza, à soixante kulomètres d’Alger, reflète parfaitement ces différentes influences. Elle contiendrait toujours son sarcophage et celui de son époux, Juba II. Cette construction est connue sous le nom de tombeau de la Chrétienne. Une erreur de traduction, car il aurait fallu le nommer le tombeau de la Romaine…

Cet article est paru dans le Télépro du 28/9/2023

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