Rembrandt, une vie en clair-obscur

Image extraite du documentaire à voir ce dimanche sur France 5 © France 5/Laurence Lowenthal
Alice Kriescher Journaliste

Ce dimanche à 22h40 sur France 5, «Une maison, un artiste» nous emmène au cœur de l’intimité de Rembrandt, à Amsterdam, dans une maison qui le vit déployer tout son talent, mais aussi subir des drames personnels.

C’est incontestablement l’une des superstars de la peinture et l’un des plus grands de l’École hollandaise. Comment et pourquoi Rembrandt, né Rembrandt Harmenszoon van Rijn et mort il y a plus de 350 ans, fascine-t-il toujours autant ?

De l’ombre et de la lumière

Rembrandt pousse son premier cri à Leyde, au Pays-Bas, en juillet 1606 ou 1607. Issu d’une famille aisée, il est le neuvième des dix enfants van Rijn. Seul de sa fratrie à étudier au-delà de l’école élémentaire, Rembrandt montre très vite un attrait pour la peinture. À Leyde, il se forme auprès d’un maître spécialisé dans les fresques architecturales. Il poursuit sa formation pour apprendre les bases de la peinture et le dessin à la plume. En 1624, il se rend une première fois à Amsterdam pour s’y perfectionner auprès de Pieter Lastman, un peintre d’histoire réputé, une discipline très prestigieuse à l’époque. L’animation qui fait vibrer la ville marque Rembrandt, et, surtout, via Lastman, il y découvre les œuvres de Pierre Paul Rubens et du Caravage. Très inspiré par ce dernier, il va perfectionner sa technique du clair-obscur pour en devenir le maître absolu.

Premiers succès, premières peines

À 18 ans seulement, Rembrandt ouvre son propre atelier à Leyde. Mais, à la mort de son père en 1631, il retourne à Amsterdam, capitale économique du pays. Là, il va connaître son premier grand succès avec «Leçon d’anatomie du docteur Tulp». «Il abandonne le patronyme van Rijn et, désormais, signera «Rembrandt fecit» («Rembrandt a fait»)», indique le Larousse. «Par là même, non seulement il affirme son individualité, mais il établit le statut de l’artiste moderne.»

C’est aussi à cette époque que Rembrandt fait la connaissance de Saskia, la nièce d’un célèbre marchand d’art d’Amsterdam chez qui le peintre est logé. Sa jeune épouse devient l’un de ses modèles et le couple vit une existence paisible au cœur de la haute société. Le tableau va néanmoins s’assombrir. En 1642, Saskia succombe à la tuberculose. Le peintre se retrouve seul avec leur fils Titus, né l’année précédente, qui sera le seul des enfants de Rembrandt à atteindre l’âge adulte, le couple ayant déjà perdu trois bébés.

Rembrandt dans la tempête

Si son atelier amstellodamois jouit d’une grande réputation, Rembrandt va pourtant connaître ses premiers revers. «La Ronde de nuit», œuvre commandée par le capitaine Banninck Cocq et dix-sept membres des gardes de la milice civique, ne satisfait pas les clients. «Aux difficultés financières s’ajoutent des déboires avec l’Église, qui, en 1654, l’accuse de concubinage parce qu’il s’est mis en ménage avec une jeune paysanne, Hendrickje Stoffels (1625-1663), qui était jusque-là sa servante», détaille le Larousse. Délaissé par la bonne société et endetté, Rembrandt doit se résoudre à voir ses biens vendus aux enchères et quitter sa maison cossue du quartier juif d’Amsterdam, aujourd’hui transformée en musée, pour emménager, avec Titus et Hendrickje, dans un secteur moins huppé. S’il produit encore certaines toiles très personnelles, comme «Le Reniement de saint Pierre», et honore quelques commandes, Rembrandt a définitivement quitté le monde qui l’avait alors porté aux nues. «En 1663 meurt Hendrickje (…). Rembrandt a encore la douleur de perdre son fils, en 1668, avant de s’éteindre lui-même, à l’âge de 63 ans, presque oublié de ses contemporains.»

Le saviez-vous ?

Si Rembrandt avait vécu à notre époque, il aurait sans doute été un afficionado des selfies. Le peintre est en effet connu pour ses nombreux autoportraits, qu’il utilisait comme carte de visite. On en compte près d’une centaine, le représentant de l’âge de 22 ans jusqu’à sa mort.

Très prolifique, le maître du clair-obscur et de la peinture en relief aurait produit plus de quatre cents œuvres au cours de son existence. Un foisonnement qui pose parfois question quant à l’authenticité de ses toiles, lui qui encourageait ses élèves à copier sa manière de peindre. Il apparaît que plusieurs tableaux attribués à Rembrandt pourraient, en réalité, être le fruit du travail de ses assistants.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/7/2023

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