Roy Lichtenstein : l’autre pape du Pop Art

Les œuvres de Lichtenstein vous rappelle un décor de la télé ? Le jeu «Les Z’Amours» s’en est largement inspiré lors de sa création en 1995. © France 5/Vincent Productions
Alice Kriescher Journaliste

À travers des archives rares, France 5 nous propose de découvrir les secrets d’un peintre aussi discret que génial, Roy Lichtenstein (1923-1997), dans un documentaire à voir ce vendredi à 22h35.

Il fait partie de ces peintres au coup de pinceau reconnaissable en un clin d’œil. Roy Lichtenstein, figure centrale du mouvement Pop Art, aux côtés du non moins célèbre et plus médiatique Andy Warhol, a révolutionné la peinture. Portrait.

Soldat à la fibre artistique

Né en 1923, à New York, Roy Lichtenstein est, adolescent, un fan inconditionnel des concerts de jazz donnés à l’Apollo Theater de Harlem, où il s’amuse à croquer les musiciens durant leurs performances. Après ses études secondaires, ses ambitions universitaires sont mises sur pause. Enrôlé, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, de 1943 à 1946, le soldat Lichtenstein n’entend pas perdre sa passion pour l’art. Durant cette période, il passe par la Belgique, la France et l’Angleterre, où il n’hésite pas à se rendre aux expositions londoniennes qui mettent alors à l’honneur Cézanne et Toulouse Lautrec.

Un génie qui se cherche

De retour au pays, dans les années 1950, Roy exerce d’abord comme enseignant en art. Mais, très vite, il envisage de vivre de son travail artistique. Ses débuts sont assez indécis. Il se laisse d’abord tenter par le cubisme, passe ensuite à l’abstrait, pour s’essayer finalement à l’expressionnisme. C’est au début des années 1960 que le déclic à lieu, à peu près en même temps que Warhol, Lichtenstein change radicalement de cap. «Il s’oriente vers l’image tirée de la publicité des magazines et de la bande dessinée, en les agrandissant. Un vent de révolte contre l’expressionnisme abstrait tournant à l’académisme flotte alors sur New York», explique Le Monde. «Andy Warhol, Claes Oldenburg, Tom Wesselmann, James Rosenquist et Roy Lichtenstein, rassemblés pour la première fois en 1962 par le galeriste Sidney Janis sous le nom de «nouveaux réalistes», commencent à faire parler d’eux.

«I don’t care !»

Si l’art de Lichtenstein peut sembler léger avec ses couleurs vives et ses références pop, le message délivré est plus acide qu’il n’y paraît. Pour preuve, l’une de ses œuvres les plus célèbres, «Drowning Girl», basée sur le travail de Tony Abruzzo et représentant une femme en pleurs, entourée de vagues, s’exclamant : «I don’t care ! (ndlr : Je m’en fous !) Je préfère me noyer plutôt que d’appeler Brad à l’aide !». Un ajout de texte, notamment, qui confère à l’adaptation du peintre un tout autre message que l’original, comme l’analyse France Info. «Que montre Roy Lichtenstein ? Des clichés de femmes modèles souvent passives et en larmes, véhiculés dans la presse pour adolescents. L’artiste ne se contente pas de recopier une BD : il recadre les images, les modifie, ajoute parfois du texte ou modifie les bulles existantes pour dramatiser ses toiles.»

Un point c’est tout !

À côté de ses détournements (ou appropriations) de BD, Lichtenstein propose aussi sa version de grandes œuvres signées Picasso, Cézanne ou Matisse, avec sa technique des «trames Benday», ces fameux petits points de couleurs dont les variations de taille et d’espacement permettent de créer nuances chromatiques et perspective. «Une manière de désacraliser les icônes du «grand art» ? Sans doute, mais pas seulement. Sa démarche est ambiguë», poursuit-on sur France Info. «Car ses parodies légèrement ironiques, à la sauce comics, constituent également un hommage à des artistes qu’il estime, et une façon de lier très sérieusement ce qu’il fait à l’Histoire de l’art.» Le peintre a connu la richesse de son vivant, voyant certaines de ses œuvres vendues à plusieurs millions de $. Roy Lichtenstein a laissé pas moins de 4.500 toiles et sculptures. Il meurt à New York, des complications d’une pneumonie, le 29 septembre 1997, à l’âge de 73 ans.

Cet article est paru dans le Télépro du 12/10/2023

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