Spartacus, gladiateur rebelle
Comment le plus célèbre des combattants des arènes a-t-il réussi à soulever une armée d’esclaves pour faire trembler la puissante Rome ?
On ne connaît ni son visage, ni sa silhouette. L’Histoire n’a fourni de lui aucune représentation iconographique, aucune sculpture, aucune mosaïque… Et pourtant, la figure de Spartacus a traversé plus de 2.000 ans d’Histoire. Le plus célèbre des gladiateurs incarne encore aujourd’hui la rébellion, le courage et la soif de liberté. Ce mercredi à 21h05 sur France 3 dans « Secrets d’histoire », Stéphane Bern dresse le portrait de cet homme mystérieux qui a su soulever les foules et faire trembler, pendant plus de deux ans, la République romaine.
Dans la Rome antique, le public raffole des combats de gladiateurs. Au Ier siècle avant notre ère, en Campanie, un certain Spartacus, l’un de ces combattants, adulés à l’instar des stars du ballon rond aujourd’hui, est acclamé en héros. Sur ce discret gladiateur, les sources sont peu prolixes. Né autour de l’an -100, cet homme grand et musclé a connu une jeunesse libre en Thrace (actuelle Bulgarie). Lors de la conquête de sa terre natale, il est enrôlé de force dans l’armée romaine en tant que soldat auxiliaire, puis après une désertion, est vendu comme esclave, avec sa femme (une prêtresse thrace), au propriétaire d’une prestigieuse école de gladiateurs (ludus).
Réfugié sur le Vésuve
Cochant toutes les cases du parfait combattant, le Thrace débarque dans le « ludus » de la riche cité de Capoue (près de Naples). Gagnant ses premiers combats, il hérite rapidement du surnom de « princeps gladiator » (premier gladiateur). Néanmoins, il souffre de plus en plus de sa condition. Car, même si ses victoires lui donnent un statut à part au sein de la gladiature, il n’en reste pas moins un esclave. En -73, il élabore, avec deux compagnons d’infortune gaulois, un plan d’évasion et entraîne avec lui 70 rebelles et une poignée de femmes.
Munis d’armes pillées, les insurgés se retranchent sur les pentes fertiles du Vésuve, d’où il est bientôt impossible de les déloger. Des milliers d’esclaves arrivent de partout pour se joindre à eux, de même que des ouvriers agricoles à la condition misérable. Ce que Spartacus pensait n’être qu’une simple fuite se transforme en révolution !
Victoire de Crassus
L’Italie du Sud s’enflamme et subit les pillages de cette armée d’esclaves, transcendée par un Spartacus qui se révèle en habile chef de guerre. Doucement, la peur commence à gagner la ville de Rome. Le Sénat envoie des contingents romains, mis en déroute par les rebelles. C’est une véritable humiliation pour Rome, disposant pourtant de l’armée la plus puissante du monde.
Après avoir d’abord marché vers Rome, Spartacus change finalement de stratégie et décide de ramener les esclaves dans leurs patries. Il fait demi-tour et cherche à gagner la Sicile. Trahi par des pirates avec qui il avait négocié une traversée du détroit de Messine, le rebelle se retrouve piégé par l’armée de Crassus, général romain aux méthodes décriées. Après deux ans de la plus violente des guerres serviles, l’affrontement final se joue en mars -71. Au cours de cette sanglante bataille, Spartacus, tentant d’atteindre Crassus, s’écroule, touché à la cuisse, et est massacré. Sur le champ de bataille, 60.000 esclaves trouvent la mort, tandis que 6.000 sont faits prisonniers et, pour l’exemple, crucifiés le long de la Via Appia, la plus illustre des routes romaines reliant Rome à Capoue.
Héros fédérateur, Spartacus a connu « un destin extraordinaire mais tragique », comme le lui avait prédit sa compagne (pratiquant la divination par les songes), devenant même le porte-drapeau des anti-esclavagistes à partir du XVIIIe siècle. Comme conclut l’écrivain Philippe Séguy, « si Crassus a gagné la guerre, Spartacus a gagné la mémoire des hommes »…
Cet article est paru dans le Télépro du 14/11/2024
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