Sur les traces de Xanadu, fastueuse cité déchue…

Reconstitution 3D extraite du documentaire diffusé ce jeudi sur France 5 © France 5/Windfall Films
Giuseppa Cosentino Journaliste

Ce jeudi à 21h avec le documentaire «Xanadu, les mystères de la cité disparue», France 5 nous emmène à la découverte de l’immense ville mongole qui émerveilla Marco Polo avant sa chute, au XIVe siècle…

À environ 350 km au nord de Pékin, seuls quelques murs subsistent d’une grande mégapole de 200.000 habitants qui fut, autrefois, le symbole d’un mélange de cultures mongoles et chinoises. Comment cette vaste cité «de pierre, de marbre et de bois, riche de palais et jardins luxuriants», d’après les récits de voyage du Vénitien Marco Polo, a-t-il pu connaître un tel déclin en un siècle à peine ?

Palais jailli des steppes

Au XIIIe siècle, l’empire mongol est dirigé d’une main de fer par les petits-fils de Gengis Khan. En 1251, l’un d’eux, l’empereur Möngke, confie à son jeune frère, Kubilaï, «le soin d’achever la conquête de la Chine», explique l’historien André Larané sur Hérodote. net. En fin stratège, Kubilaï comprend très vite que, pour asseoir son pouvoir, il doit «concilier la culture nomade, propre aux Mongols, et les traditions des Hans (chinois), sédentarisés», observe l’historien Jean-Christophe Piot. Aussi le conquérant s’entoure-t-il des plus hauts fonctionnaires de la dynastie vaincue… et charge un architecte chinois de construire une capitale au beau milieu des steppes mongoles. Pendant quatre années, des milliers d’esclaves bâtissent, sur 25.000 ha d’une terre vierge, la ville «qui doit refléter le pouvoir de son fondateur» !

Organisation au carré

Les habitants, divisés en trois castes, y sont soumis à des règles strictes. Au cœur : le palais impérial de 550 m de largeur, réservé à Kubilaï et son entourage. Autour s’articule une enceinte carrée de 1,5 km où vivent l’élite impériale, les militaires, les ingénieurs et la cour. Enfin, une dernière cité extérieure de 2 km, également carrée, abrite le peuple tant dans des maisons en pierre de facture chinoise que dans des yourtes mongoles pouvant être, comme de coutume, déplacées… Un zoo est même aménagé pour «le plaisir du khan, ce grand chasseur», s’extasie Marco Polo – au service de l’empereur durant dix-sept ans – dans son «Devisement du monde» (1298), une précieuse source d’informations. Son enthousiasme n’est cependant pas communément partagé…

La chute

Lorsqu’il accède au trône en 1259, Kubilaï est proclamé «Grand Khan» (titre suprême) et baptise sa cité «Xanadu», signifiant «capitale supérieure». Mais, pour mieux contrôler la Chine, il déplace son chef-lieu à Daidu (actuel Pékin), faisant de Xanadu sa capitale d’été, un lieu de villégiature, de culture et de prestige. Du moins, en apparence… Car les Chinois s’exaspèrent du manque de raffinement des Mongols qui ne sont que de «pauvres nomades, à demi sauvages», écrit Bernard Brizay dans «Les Trente « empereurs » qui ont fait la Chine» (Éd. Perrin).

À l’inverse, les Mongols ne voient pas d’un bon œil les efforts de leur dirigeant, les éloignant de leurs traditions «rustiques»… Ce fragile équilibre se brise définitivement par la révolte chinoise en 1368, moins de septante-cinq ans après la mort du Grand Khan. Détruite, Xanadu sera ensuite abandonnée durant des siècles. Ne restent que des ruines, classées depuis 2012 à l’Unesco, qui rappellent de grandes illusions perdues… 

Cet article est paru dans le Télépro du 19/1/2023

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