Svetlana Staline, la fille du tyran

Svetlana Staline © RTBF/Akka Films

Nom : Staline. Prénom : Svetlana. Elle est née au Kremlin alors que son père dirigeait l’URSS d’une main de fer. Est morte seule et démunie, aux États-Unis… Découvrez l’étonnant destin de la fille de Joseph Staline.

Staline (1878-1953) était surnommé «le petit père des peuples». Mais derrière les hauts murs du Kremlin, c’était aussi un père de famille. Ce samedi, La Trois, diffuse un passionnant documentaire consacré à son unique fille : Svetlana. Comment vivre dans l’ombre d’un père tel que celui-là ? Réponse dans «Retour aux sources» ce samedi à 20h30 sur La Trois, avec le documentaire «Naître Svetlana Staline».

Petite princesse du Kremlin

Le 20 novembre 2011, Lana Peters décède dans un home du Wisconsin. Son histoire n’intéresserait personne si la vieille dame n’était née à Moscou en 1926, sous le nom de… Svetlana Staline ! Elle est la plus jeune des enfants et l’unique fille du maître de l’URSS : Joseph Staline. C’était sa préférée. Les clichés sont nombreux où l’on aperçoit «la petite princesse du Kremlin» dans les bras de son papa souriant.

Suicide maternel

La gamine a 6 ans quand sa mère décède. Officiellement, il s’agit d’une appendicite. En réalité – Svetlana ne l’apprendra que bien plus tard -, l’épouse du dictateur s’est tiré une balle dans la tête. Au fil des ans, les relations entre père et fille se tendent. Pour se débarrasser du premier amoureux de Svetlana, Staline envoie l’homme au goulag. Avec l’accord de Papa et des camarades du Parti, la jeune femme fera finalement trois mariages et deux enfants en URSS. Quand Staline décède, en mars 1953, Svetlana a 27 ans. «La mort de mon père fut effroyable», écrira-t-elle plus tard. «J’étais déchirée entre le chagrin et un sentiment de délivrance.»

Déstalinisation

Dans les années qui suivent, sous Khrouchtchev, le cœur de Svetlana se déstalinise au même rythme que le pays. Elle abandonne le nom de son père pour prendre celui de sa mère et se fait baptiser discrètement dans une petite église orthodoxe de Moscou… Puis, en 1963, alors qu’elle se repose à Sotchi, sur la mer Noire, elle rencontre un communiste indien. Le coup de foudre est réciproque. L’homme décède malheureusement trois ans plus tard. Svetlana obtient alors du Parti communiste l’autorisation de ramener ses cendres en Inde afin de les disperser sur le Gange. Mais une fois à New Delhi, elle pousse la porte de l’ambassade des États-Unis et demande l’asile !

Liberté et déception

Après moult péripéties, Svetlana Staline arrive à New York en avril 1967. Elle dénonce le régime soviétique et se fond dans la culture américaine. Un mariage, un enfant et un divorce plus tard, l’exilée est déçue. Aux States, elle a découvert une forme de liberté qu’elle ne connaissait pas jusque-là, mais elle regrette le manque d’émancipation des femmes. Le modèle occidental ne la convainc qu’à moitié. Et surtout, elle voudrait revoir les enfants qu’elle a laissés en URSS quinze ans plus tôt…

Triste fin de vie

En 1984, Svetlana Staline obtient l’autorisation de rentrer à Moscou. Mais sa fille refuse de la rencontrer, tandis que son fils a sombré dans l’alcoolisme. Très vite, elle comprend qu’elle n’est plus capable de vivre en URSS. Le pays est en pleine déliquescence, or certains continuent d’y vénérer la mémoire de son père. Dès l’année suivante, en 1985, elle demande donc à Gorbatchev l’autorisation de quitter le pays. Svetlana repart vers les États-Unis, où elle n’a pourtant plus rien. La «petite princesse du Kremlin» finira ses jours seule, à l’autre bout de la planète, dans un home pour indigents…

Cet article est paru dans le Télépro du 14/3/2024

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