Technologie : les animaux, sources d’inspiration

L'un des derniers modèles du Shinkansen, train à grande vitesse chinois © Getty Images
Giuseppa Cosentino Journaliste

Habitat, transport, éclairage… Et si les animaux avaient la solution ? Mercredi à 21h10 sur France 3, «Le Monde de Jamy» nous emmène dans leur monde truffé d’ingéniosités.

À l’heure des préoccupations énergétiques, il est urgent d’adapter notre mode de vie. Les animaux l’ont toujours fait. S’en inspirer par biomimétisme permettrait de répondre à nos nouveaux défis. Peu énergivores, plus écologiques, ces merveilles d’ingénierie n’ont pas fini d’étonner…

Martin-pêcheur va bon train

Son look n’a rien d’esthétique, il est le résultat d’un savant calcul. Lors de la conception du Shinkansen 500, un train à grande vitesse japonais mis en service en mars 1997, les constructeurs ont dû faire face à un problème de taille : le bruit et la perte de vitesse générés par un train qui s’engouffre à toute vitesse dans les nombreux tunnels que compte le Japon, pays montagneux. C’est alors qu’un des concepteurs, Eiji Nakatsu, passionné d’ornithologie, a eu l’idée de s’inspirer d’un petit oiseau, le martin-pêcheur. Grâce à son bec aérodynamique, le volatile a la faculté de plonger sur sa proie pratiquement sans générer de remous. Résultat : l’avant du train a été redessiné à son image. Le premier Shinkansen avait vu le jour en 1964, son successeur sera plus silencieux et aura gagné 10 % de vitesse tout en consommant 15 % d’énergie en moins !

Requin dans la peau

Si la peau des squales a permis la création de combinaisons de plongée, elle a aussi une utilité dans le revêtement d’avions. Ainsi, les ingénieurs d’Airbus ont observé que les petites écailles rainurées des requins pouvaient «diminuer la résistance de l’air des avions», renseigne la plateforme Futura Sciences. «Grâce à un vernis imitant cette peau, le glissement dans l’air du fuselage des avions Airbus A340-300 a été amélioré.» Dans le domaine de la médecine, le grand prédateur pourrait peut-être sauver des vies. D’après une étude américaine de 2007, la structure cutanée de l’animal empêcherait les bactéries d’adhérer. Forts de ce constat, les chercheurs ont alors imaginé un revêtement antibactérien destiné aux hôpitaux afin de lutter contre les maladies nosocomiales – contractées lors d’un séjour hospitalier.

Les termites ont la clim !

Envie d’une climatisation naturelle et non polluante ? Les termites ont la solution. À Harare, capitale du Zimbabwe, l’Eastgate Centre applique leur système de ventilation 100 % bio. «Dans les termitières, qui peuvent atteindre jusqu’à 9 mètres de hauteur, la température se maintient à 30 °C même lorsqu’il fait 40 °C dehors», explique le magazine Pour la Science. «Pour y parvenir, les termites construisent leur habitat en laissant une multitude de petits trous qui permettent à l’air de circuler. L’air frais est alors stocké à l’intérieur et la chaleur est évacuée à l’extérieur.» Même principe pour ce centre commercial qui, grâce aux économies sur les coûts énergétiques, propose des loyers 20 % inférieurs.

Fourmis GPS

Jamais vous ne verrez une fourmi perdue en plein désert. Pour cause, «elle a inventé un système de repérage ultrasophistiqué qui vaut bien nos GPS modernes», relate France Info. «Tout au long de sa vadrouille à la recherche de nourriture, elle s’arrête à maintes reprises pour photographier mentalement le paysage.» Elle marche à reculons et ajuste sa position en fonction du soleil. Il lui suffit ensuite de «se repasser les images en sens inverse» pour revenir au nid ! Leur technique d’orientation a été utilisée sur des robots.

Baleine aux nageoires d’éoliennes

Certains types d’éoliennes ont eu vent de la particularité de la baleine à bosse : grâce à ses nageoires pourvues de protubérances, le mammifère marin se déplace rapidement dans l’eau. Il n’en fallait pas plus pour que la société canadienne WhalePower s’empare du concept et crée, en 2004, «un prototype d’éolienne crantée qui imite la forme de ces nageoires», précise Futura Sciences. Le dispositif, plus silencieux, a permis «d’augmenter la production d’énergie de 20 %.» En verrons-nous fleurir un jour sur notre Plat pays ?

Le gecko, un vrai pot de colle !

Les pattes de ce petit lézard ont des propriétés si adhésives qu’elles ont attiré l’attention d’une équipe de scientifiques de l’université Amherst du Massachusetts. En synthétisant le pouvoir adhérant, ces derniers sont parvenus à créer un scotch prodigieux, le Gecksin, «dont seulement 40 cm 2 posés sur une surface verticale peuvent supporter près de 317 kilos – prouesse encore jamais réalisée à une telle échelle», se réjouit le groupe Techniques de l’Ingénieur. Pour l’heure, l’exploit n’a été testé que sur des surfaces lisses, mais le résultat est prometteur…

Papillon de nuit éclaire vos lanternes

Si vous n’avez pas mal aux yeux en regardant vos tablettes ou smartphones, c’est grâce aux papillons de nuit. Des ingénieurs allemands se sont inspirés de leurs yeux à facettes, dont la nanostructure disperse la lumière au lieu de la refléter, pour créer un revêtement nano réduisant la réflectivité de nos écrans.

Cet article est paru dans le Télépro du 26/10/2023

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