Un Champollion peut en cacher un autre

Image extraite du documentaire diffusé ce samedi sur Arte © Arte/Agnès Molia

Si l’Histoire a retenu le nom de Jean-François, décrypteur des hiéroglyphes, son frère aîné eut pourtant un grand rôle à jouer. Ce samedi à 20h50, Arte diffuse le documentaire «Dans le secret des hiéroglyphes».

Nous sommes le 14 septembre 1822. Il va bientôt être midi. Des gouttelettes perlant sur son visage, Jean-François Champollion débarque sans frapper dans le bureau de son frère, Jacques-Joseph, et, tout excité par sa découverte, lui lance : «Je tiens l’affaire.» Il serait tombé évanoui aussitôt et n’aurait, d’après la légende, repris connaissance que deux jours plus tard.

La pierre de Rosette

Jean-François Champollion venait, après de longues recherches, de déchiffrer l’écriture des hiéroglyphes, faisant faire à l’égyptologie un bon de géant. Cette avancée, on la doit d’abord au capitaine Bouchard qui, lors de l’expédition de Napoléon en Égypte, en ramène la célèbre pierre de Rosette, conservée aujourd’hui au British Museum, à Londres.

Cette trouvaille contient un long texte écrit en hiéroglyphes, en démotique (hiéroglyphes simplifiés) et en grec. Champollion en déduit une clé de lecture en comparant les trois écritures, mais il est aussi formidablement aidé par l’incroyable documentation qu’il a amassée au cours des années. Malheureusement, le savant meurt jeune alors que se dessine devant lui une brillante carrière académique.

Jacques-Joseph, l’aîné

Les frères Champollion voient le jour à Figeac, dans le Lot, en 1778 et 1790. Leur père y tient une librairie. Très proches l’un de l’autre malgré une différence d’âge de douze ans, Jacques-Joseph, l’aîné, et Jean-François, le cadet, seront liés par une relation quasi fusionnelle.

Jacques-Joseph s’établit à Grenoble où il publie de nombreux écrits sur le Dauphiné. Bibliothécaire, il étudie aussi l’épigraphie, soit le déchiffrement des textes sur les pierres, et la numismatique, contribuant ainsi à satisfaire sa passion pour les monnaies. Poursuivant sa brillante carrière, l’aîné des frères s’installe en 1817 à Paris, où il devient le secrétaire particulier de Bon-Joseph Dacier, à la fois helléniste de grand talent et secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et des belles-lettres.

Et c’est donc lui qui introduit son jeune frère dans la célèbre institution où il lit la fameuse lettre détaillant sa découverte. À la suite du décès prématuré de Jean-François, Jacques-Joseph met un point d’honneur à assurer la publication de toutes ses œuvres, tout en poursuivant son métier de conservateur de bibliothèque qu’il achève au château de Fontainebleau en 1867, année de sa mort.

Jean-François, le cadet

Quant à Jean-François Champollion, dont le nom est passé à la postérité, il se prend très tôt de passion pour l’histoire de l’Égypte en lisant les récits des officiers et des savants qui ont accompagné Napoléon dans son expédition, marquée par l’illustre Bataille des Pyramides. Encouragé par son frère, il se plonge ensuite dans tout ce qui touche à la compréhension et au déchiffrage de l’écriture des pharaons.

En 1822, il possède suffisamment d’éléments pour s’avancer dans la traduction des hiéroglyphes. Et quatre ans plus tard, Jean-François est appelé à prendre la tête de la toute nouvelle section des antiquités égyptiennes créée au sein du musée du Louvre. Partant pour un voyage d’exploration afin de noter et dessiner les inscriptions figurant sur les monuments de la vallée du Nil, il en revient pour être élu à l’Académie.

Il reçoit aussi une chaire au Collège de France consacrée à l’Égypte et son histoire. Mais la mort l’emporte prématurément à l’âge de 41 ans. 

Cet article est paru dans le Télépro du 8/9/2022

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici