Vêtements : tout neufs… très sales !

Des labos analysant les habits neufs dans les magasins y ont trouvé des traces de... matières fécales ! Photos : Getty Images Quand on sait ce qu’il a subi, un vêtement neuf doit absolument passer à la machine avant d’être porté ! © RTBF

Les nouveaux vêtements sont pleins de substances chimiques et de bactéries. Mieux vaut les laver avant de les porter ! 

Ça y est, vous avez craqué ! Vous avez acheté ce pull qui vous faisait de l’œil en vitrine depuis un moment. Il est tout beau, tout doux, tout neuf. Et vous n’avez qu’une seule envie : le porter sans tarder. «C’est une très mauvaise idée, ne faites jamais cela ! », s’exclame le toxicologue Alfred Bernard, professeur émérite à l’UCLouvain. Ce mercredi à 23h15 sur La Une, dans «Matière grise», il explique pourquoi il faut absolument laver nos vêtements neufs avant de les porter.

Une industrie chimique

Boiriez-vous dans des verres tout neufs, que vous venez d’acheter, sans d’abord les laver ? Non, bien sûr ! Vous vous dites qu’ils ont été fabriqués on ne sait où, puis transportés et manipulés par quantité de personnes. C’est pareil pour les vêtements. En réalité, c’est même bien pire… Pour comprendre, il faut remonter leur histoire. Elle commence souvent dans un atelier de confection asiatique où les vêtements passent de main en main avant d’être amoncelés au sol, puis jetés dans des ballots en plastique. Si l’on en croit les images souvent vues à la télé, la propreté des lieux est loin d’être irréprochable… Encore le serait-elle que la confection textile utilise un grand nombre de produits pas très propres. Les fibres naturelles sont nettoyées, blanchies, colorées, traitées. Quant aux fibres synthétiques, ce sont évidemment de purs produits de l’industrie chimique.

La peau réagit

Parmi ces nombreuses substances présentes dans nos vêtements, certaines sont mauvaises pour la santé. C’est la peau qui réagit en premier. Logique : elle est là pour protéger notre organisme des agressions extérieures. Irritations, allergies, eczéma… Pour prendre efficacement en charge leurs patients, les dermatologues rêvent de vêtements qui affichent tous leurs «ingrédients» sur l’étiquette. D’autant que la peau ne fait pas barrage à tous les toxiques. Certains franchissent la barrière, notamment les solvants que l’on trouve dans certains produits colorants, assouplissants ou imperméabilisants. Ils pénètrent donc dans le corps et peuvent atteindre les organes. Or ces produits sont parfois des cancérigènes ou des perturbateurs endocriniens. Tous ne sont pas permis. Comme les peintures ou les produits de nettoyage, nos vêtements doivent respecter REACH, le règlement européen qui protège la santé et l’environnement des risques liés aux substances chimiques. Oui, mais…

Direct à la machine

Imaginons un fabricant scrupuleux, qui respecte toutes les règles de production. Il doit ensuite envoyer ses vêtements en Europe. Le transport s’effectue en containers, par bateaux. Pour protéger les textiles de l’humidité et des moisissures, des rongeurs et de la vermine, de la prolifération de bactéries… les transporteurs injectent dans les containers un biocide qui tue toute forme de vie. Nos vêtements sont ensuite manutentionnés et entreposés dans divers endroits, jusqu’à arriver en magasin. Et là ? Ils sont parfois touchés par des dizaines de personnes et essayés par quelques-unes d’entre elles avant de finir dans votre cabas. Chacun y aura laissé un peu de son parfum et d’autres choses moins ragoutantes. Un microbiologiste de l’université de New York a analysé des vêtements neufs de grandes marques. Il y a trouvé toutes sortes de bactéries… et des matières fécales. En France, les autorités sanitaires recommandent donc de «laver, avant de le porter pour la première fois, tout vêtement susceptible d’entrer en contact avec la peau». Et hop, direct à la machine !

Cet article est paru dans le Télépro du 28/9/2023

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