Aller au charbon fait broyer du noir

Image extraite du documentaire «Vert de rage» © Premières Lignes Télévision

Le charbon pourrait retrouver ses lettres de noblesse, notamment avec la réouverture de certaines centrales électriques. Or il tue chaque année de 10 à 20.000 mineurs et fait près de 2 millions de victimes collatérales. Ce mardi à 22h15, La Une diffuse le documentaire «Vert de rage – Du charbon dans la poumons».

Londres a retrouvé en grande partie un air plus pur grâce à la disparition des poêles à charbon qui chauffaient, voilà quelques dizaines d’années, les foyers de la capitale. Adieu le célèbre «smog», ce tristement célèbre brouillard qui recouvrait l’immense cité. La Tamise a elle-même retrouvé sa faune d’autrefois. Mais nous sommes ici à mille lieues de Pékin et de ses brumes malfaisantes dues en partie à l’utilisation du charbon.

Villages détruits

L’impact environnemental débute avec l’extraction, puisque ce sont des milliers de kilomètres carrés qui sont retournés quand l’exploitation se fait à ciel ouvert, notamment à deux pas de chez nous, en Allemagne, où de nombreux villages ont été détruits pour permettre l’extension de la mine. Non sans provoquer une vive résistance des populations concernées.

Il faut aussi tenir compte des déchets générés par le lavage et la combustion du charbon, entraînant des milliers de mètres cubes de boues polluées et des monticules qui barrent le paysage, même si, de nos jours, les terrils sont devenus en Wallonie des collines verdoyantes, à la stabilité parfois douteuse.

Pire encore, les maladies

Mais bien pires encore sont les morts directes que provoque la houille. Il y a bien entendu les accidents de la mine dus notamment aux coups de grisou, ce gaz que génère le charbon, mais aussi et surtout les nombreuses maladies professionnelles comme celles qui atteignent les poumons. La plus connue est la silicose, venant de la silice constituée de particules de poussières en suspension dans l’atmosphère fermée des mines.

Cause de mortalité

Tout aussi insidieuses, les intoxications causées par la mauvaise combustion de cette énergie fossile dans les poêles, dégageant de l’oxyde de carbone et d’autres composants qui s’insinuent dans les fumées, tels des hydrocarbures. Avec pour conséquence la contamination de certaines productions alimentaires, notamment à l’arsenic et au fluor. Savez-vous qu’avec un à deux millions de décès par an, le charbon est quasi une aussi grande cause de mortalité dans le monde que le paludisme ?

Certes, les pays émergents comptabilisent le plus de morts car le charbon y est utilisé pour se chauffer et cuisiner, ce qui est de moins en moins le cas en Europe occidentale. Mais la proximité de centrales électriques au charbon entraîne une surmortalité prématurée. Elle serait de 10.000 en Allemagne et de 1.000 en France, ceci sans aucun doute étant fonction de la qualité de l’air autour de ces centrales.

La politique du silence ?

Pour des raisons à la fois politiques et économiques, pour faire face aussi à de nouvelles réalités en matière d’indépendance énergétique voire de choix environnementaux, de nombreux pays passent sous silence les terribles méfaits de certaines énergies fossiles et du charbon en particulier. L’Allemagne a notamment fait le choix de la fermeture complète de ses centrales nucléaires très peu émettrices de CO2 pour revenir à une production plus classique d’électricité à base de charbon et de gaz.

Telle n’est pas l’orientation prise par la France qui s’érige en grande protectrice de l’énergie nucléaire. Il est vrai qu’il n’existe pas au niveau européen d’étude épidémiologique fiable et suffisamment représentative de l’ensemble du continent européen démontrant le lien entre santé publique et choix énergétiques. Bizarre, vous avez dit bizarre ? 

Cet article est paru dans le Télépro du 20/10/2022

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