Consigne pour bouteilles en verre et canettes : yes, we can !

Lundi soir sur France 5, Hugo Clément et «Sur le front» se demandent ce qui bloque le retour de la consigne © France 5/Winter Productions

Gouvernements régionaux et fédéral : tout le monde semble d’accord pour adopter un système de consignes pour les bouteilles en plastique et les canettes en alu. Y a plus qu’à… Ce lundi à 21h05 sur France 5, «Sur le front» évoque ce qui bloque le retour de la consigne, aussi bien en France qu’en Belgique.

De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les meilleurs recycleurs. C’est, à peu de chose près ce qu’expliquait l’Échappée Bière, une agence spécialisée dans le tourisme brassicole en France et en Belgique, il y a trois ans. Et de citer «l’exemple de la Belgique», où la pratique de la consigne (aussi appelée la vidange) est toujours restée en vigueur. Conséquence : «Cette bonne habitude permet à la Belgique d’atteindre un taux de recyclage de plus de 95 % (consigne et refonte confondues)», indiquait l’agence.

Et glou et glou

Mais à l’époque, la Fédération belge des distributeurs en boissons (FEDEB) publie également ses chiffres. Pour les distributeurs indépendants qui en font partie (2.660 équivalents temps plein pour un chiffre d’affaires consolidé de 2,115 milliards d’euros), oui, notre pays est champion avec 81,7 % des bières, eaux et boissons rafraichissantes fournies à la clientèle horeca en emballages réutilisables. Non, ce n’est pas suffisant pour l’environnement. Campagne Facebook, vidéo d’animation, affiches : la FEDEB lance la campagne «Remplissons cette bouteille ! Encore… encore… et encore…» pour sensibiliser les consommateurs aux atouts de la vidange. Les arguments ne manquent pas. Une bouteille en verre cautionnée peut être réutilisée en moyenne trente fois, elle est recyclable sans perte de qualité et aucune interaction n’existe entre elle et son contenu.

Toujours plus

Et pourtant. Quatre ans plus tard, les choses ne semblent pas avoir évolué dans le bon sens. Le long des routes wallonnes, le spectacle est désolant. Des milliers de canettes en aluminium et de bouteilles en plastique vides jonchent le sol. Chaque année, on en produit davantage, «plus d’un milliard et demi en Belgique», selon François Desquesnes, président du groupe Les Engagés au Parlement wallon. Le constat dressé par L’Alliance pour la consigne est sévère. Fondée en 2017, l’Alliance regroupe des entreprises, des villes et communes, des organisations en Belgique et aux Pays-Bas. 1.301 partenaires actuellement avec une demande simple : introduire la consigne sur les canettes et les bouteilles en plastique. «La Belgique n’est plus depuis longtemps un champion du recyclage», affirment-ils. «En moyenne, seuls 65 % des bouteilles en plastique et des canettes sont recyclés. Les pays qui pratiquent la consigne peuvent recycler plus de 90 % des canettes et du PET.»

Y a plus qu’à

La ministre de l’Environnement, Céline Tellier (Ecolo), a fait les comptes. Plus de 30.000 tonnes de déchets sauvages et de dépôts clandestins jonchent la Wallonie. Leur gestion représente un coût moyen pour la communauté d’environ 85 millions d’euros par an, 25 € par habitant. Au printemps dernier, un accord de coopération intervient entre les trois Régions du pays. Objectif : «Responsabiliser les fabricants des produits (contenants de boissons, cigarettes, chewing-gum, etc.) qui se retrouvent encore trop souvent dans la nature. Ils devront désormais participer notamment au financement du nettoyage des espaces publics.»

D’autre part, pour lutter contre les déchets sauvages, la Belgique introduirait une consigne sur les canettes et les bouteilles en plastique (qui représenteraient 50 % de ces déchets). Elles coûteraient plus cher à l’achat, mais le consommateur récupérerait un peu d’argent (5, 10, 15 ou 20 centimes) en ramenant la vidange. Très bien. Sauf que sur la technique de collecte à utiliser notamment, les Régions doivent encore accorder leurs violons. Leur cœur balance entre le système classique et un système numérique. Les Pays-Bas ont réglé la question et opté pour les consignes en 2021 (bouteilles en plastique) et cette année (les canettes en alu). L’instauration de la consigne figure aussi dans la législation du grand-duché de Luxembourg. Pour la Belgique, l’objectif, c’est 2025. Théoriquement.

Cet article est paru dans le Télépro du 23/11/2023

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