Été 67 : éclosion du pouvoir des fleurs

Le mouvement hippie est un phénomène de société qui ne se dément pas au fil des décennies © Isopix

À l’été 1967, San Francisco vit sa lune de miel hippie, marquée par le pouvoir des fleurs et des anars aux idées sociales. Flash-back sur France 5 ce jeudi à 23h45 avec «Point de départ : sur les traces des hippies».

Symbole éternel du mouvement hippie, le festival de Woodstock réunit, en août 1969, 500.000 jeunes venus célébrer leur vision du monde, à base de paix, d’amour, de rock’n’roll. Et de quelques désinhibants naturels ou artificiels… À travers ce voyage aux sources proposé par France 5 jeudi soir, à bord d’un authentique van de l’époque, Jérémy Michalak montre combien, cinquante ans plus tard, leur histoire parle aux générations actuelles. Car le monde d’aujourd’hui semble suivre plus que jamais les quêtes d’alors : l’écologie, le véganisme, le pacifisme, la liberté sexuelle, la légalisation des drogues «douces», la spiritualité…

Des anars chez les hippies

Tout commence à l’été 1967, à San Francisco, dans le quartier tranquille de Haight-Ashbury. À deux pas du parc du Golden Gate propice aux rassemblements, il abrite de grandes maisons victoriennes plus ou moins délabrées et à petits loyers. Des comédiens anarchistes issus de la Mime Troupe, les Diggers («ceux qui retournent la terre»), ont commencé à y mener des actions sociales pour aider les plus démunis et les jeunes fugueurs sans le sou. Ils distribuent nourriture et vêtements chaque jour à plus de 600 personnes, font appel à des étudiants en médecine pour dispenser des soins, ouvrent des magasins gratuits et convient des groupes rock à se produire, comme les Grateful Dead et Jefferson Airplane. Ils rêvent d’«un monde libre et gratuit pour tous».

No future, avant les punks

Peter Coyote (78 ans) en faisait partie. Il a été un de ces acteurs militants avant d’embrasser une carrière à Hollywood. «Avec la bombe atomique, d’un seul coup, les jeunes ont réalisé que leurs vies pouvaient s’arrêter sur le champ. Ils ne voulaient plus attendre. Il n’y avait peut-être pas de futur. J’ai pris de l’héroïne durant douze ans. Nous n’imaginions pas les conséquences sur nos corps», raconte-t-il à Jérémy Michalak. «Les Diggers ont essayé de rendre réel le monde dans lequel ils auraient aimé vivre. Nous n’avons pas réussi comme nous le souhaitions. Mais sur le plan culturel, nous avons tout gagné. De cette génération ont découlé des mouvements de femmes, pro-environnement et bio, les médecines alternatives…» La communauté comptait aussi Peter Berg (mort en 2011) parmi ses membres les plus radicaux. Il deviendra le théoricien d’une nouvelle écologie, à l’origine de projets de villes vertes.

«Summer of Love»

Des tribus de babas cool, beatniks et freaks ont convergé vers San Francisco pour les festivités du «Summer of Love», créées par Allen Cohen, déjà fondateur du journal The Oracle. Ils sont 100.000 à envahir Haight-Ashbury et à scander le pouvoir des fleurs. L’été 1967, le monde entier les découvre. Fin de l’année, l’ambiance du quartier change. Les drogues y font des ravages et décrédibilisent le mouvement antiguerre du Vietnam qui s’est durci entre-temps. Alors fraîchement élu gouverneur de Californie, Ronald Reagan interdit le LSD. Le grand rêve s’enfuit… Plus de cinquante ans plus tard, le quartier cultive toujours l’esprit hippie, un brin bobo, entre épiceries bios et magasins de fripes colorées. La quête du vert est davantage celle de la couleur du dollar. Envolées les senteurs de la révolution des fleurs…

Cet article est disponible dans le Télépro du 20 août 2020.

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