«Humains confinés, animaux libérés» (Arte) : le jour où la nature a repris ses droits !

Pendant le confinement, les animaux sauvages n’avançaient plus masqués... © Arte/MDR/inonemedia/Roland Gockel

Durant le confinement, beaucoup d’animaux ont occupé des terrains d’habitude fréquentés par l’homme. Preuve d’une possible et meilleure cohabitation ? Ce samedi à 22h20, Arte propose un documentaire sur cet épisode hors norme.

Au printemps 2020, la moitié de la population mondiale, retenue à la maison, observe une situation inédite : des renards sont davantage visibles dans les champs, les oiseaux chantent à tue-tête, des canards remplacent les touristes à Paris devant la Comédie-Française, un loup se promène sur les pistes de ski vides de Courchevel, des ours bruns s’offrent des balades dans les Dolomites italiennes, des dauphins vivant au large reviennent près des côtes en Sardaigne, tandis qu’en Albanie, le nombre de flamants roses de la côte ouest du pays augmente d’un tiers ! Ces spectacles époustouflants poussent les chercheurs à entamé des études d’envergure internationale.

Réappropriation spectaculaire

Ces 175 scientifiques ont analysé les données de localisation de 2.300 mammifères individuels, des éléphants d’Asie au Myanmar jusqu’aux rennes de Norvège. Après avoir comparé les mouvements de ces créatures au printemps 2020 avec la même période en 2019, des tendances évidentes les laissent béats : les animaux se sont aventurés au-delà de leurs habitats habituels, jusqu’à 73 % plus loin en une période de dix jours !

«Cela montre que toutes ces créatures se sentaient plus libres de se déplacer sans avoir à se soucier de l’endroit où se trouvaient les humains !», souligne Marlee Tucker, écologiste et coauteure de l’étude. «Parce que, pour beaucoup d’espèces, les humains sont considérés comme dangereux. Cela suggère aussi que plusieurs espèces sont très réactives à l’activité humaine.»

«Le confinement a permis à beaucoup d’animaux de se réapproprier des lieux auxquels ils n’avaient plus accès», ajoute Céline Sissler-Bienvenu, directrice du pôle France et Afrique francophone du Fonds international pour la protection des animaux. «Des mammifères sont revenus en des endroits qui leur appartenaient avant l’arrivée des hommes !»

Prise de conscience inédite

Et la vitesse à laquelle tous ont repris leur droit est stupéfiante. «Dans les villes, les animaux sauvages urbains ont eu quartier libre pour circuler», constate pour sa part Romain Julliard, directeur de recherche au Musée national d’histoire naturelle (MNHN), à Paris. «Par exemple, les renards changent très vite leurs comportements. Quand un espace est tranquille, ils y vont !»

La flore, elle aussi revivifiée, a également été favorable à la faune. Et aux insectes. «Les pelouses non tondues ont donné des ressources pour les bourdons, les abeilles, les papillons», note-t-il. «Mais le phénomène le plus important est peut-être que notre attention à la nature a changé : les personnes confinées ont réalisé à quel point la nature leur manque…»

Une heureuse prise de conscience qui pose toutefois beaucoup de questions. «La liberté est la clé de nombreux aspects du bien-être animal. Et le manque de liberté est à l’origine de nombreuses misères que nous infligeons intentionnellement ou non aux animaux», conclut Marc Bekoff, professeur émérite d’écologie et de biologie à l’Université du Colorado. «Ils souffrent d’isolement physique ou social. Pour mieux assumer nos responsabilités envers eux, nous devons tout tenter pour faire de leurs libertés des besoins fondamentaux. Même si cela signifie donner plus souvent la priorité à leurs latitudes plutôt qu’aux nôtres.» À méditer.

Cet article est paru dans le Télépro du 29/6/2023

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