Joyeuse retraite…

Calculer sa pension ne coule pas de source... © Getty Images

Le système belge des pensions est régulièrement cité en exemple. Il n’est pourtant pas d’une simplicité exemplaire… Ce mardi à 22h40, Arte diffuse le documentaire «Retraités ou maltraités ?».

Depuis qu’il s’est éveillé tôt ce matin, Marius a l’esprit qui bat la campagne. Au cœur de ses divagations : l’heure de la retraite qui approche à grand pas. Au début, il s’en réjouissait. Il avait même installé une application sur son GSM lui permettant de décompter les jours. Mauvaise idée. Très mauvaise idée.

Invariablement, plutôt que de se réjouir de se rendre au travail (si tant est que la chose était encore imaginable dans un environnement professionnel aussi délétère que le sien), la journée commençait par un coup d’œil sur le compteur. 169, 168, 167… il n’en finissait pas de finir. Mais aujourd’hui, c’est différent. D’abord, désinstaller l’appli. Ça, c’est fait ! Ensuite, se rendre sur le portail en ligne des pensions «mypension.be». «Il contient toutes les informations personnalisées à propos de votre pension légale et de votre pension complémentaire», annonce le site du Service fédéral des pensions (SFPD).

Carte d’identité, lecteur de carte : c’est parti. Quelques clics plus tard, voilà Marius sur l’onglet «ma carrière pension». Et là, le choc ! Salarié, service militaire, indépendant, fonctionnaire : quarante ans de vie professionnelle défilent sous ses yeux. Des bons et des moins bons souvenirs. Une vie de travail quoi. Enfin, presque toute une vie. Car la route est loin d’être finie. Il l’espère en tout cas. On lui a bien proposé de prolonger un peu, «rien qu’un tout petit peu», avec un salaire diminué… N’importe quoi ! Vérifier une dernière fois s’il remplit bien les conditions, le montant qu’il va toucher comme pension… On y va.

Patience

Première information : vous pouvez prendre votre pension à partir de votre 65e anniversaire. Pour Marius, les 65 ans, ce sera début janvier. Il pourra donc arrêter de travailler à partir du 1er février, comme il l’avait prévu. À partir de 2025, l’âge de la pension va progressivement reculer. Il passera à 66 ans cette année-là et à 67 ans à partir de 2030. Check.

Pour le calcul du montant de sa pension par contre, c’est loin d’être «check». S’il avait eu le même statut professionnel (salarié, indépendant ou fonctionnaire) durant toute sa carrière, ça n’aurait peut-être pas été trop compliqué à calculer. Quoique… Par contre, comme Marius coche les trois cases différentes, c’est plus coton. Quand il clique sur «Combien vais-je recevoir», un point d’exclamation rouge apparaît. Mauvais signe… D’autant qu’il est suivi de la mention : «L’estimation du montant de votre pension ne peut momentanément pas être calculée». Caramba ! Pour avoir le montant définitif, il va devoir patienter… un certain temps.

Gros sous

Le statut n’est pas le seul facteur à intervenir pour le calcul. Il faut aussi tenir compte du salaire, du traitement et/ou des revenus professionnels ainsi que de la durée de la carrière, voire de la situation familiale. Quelques indications du SFPD quand même. Actuellement, un salarié peut recevoir au maximum 3.007 € brut (au 01.01.2023 à l’indice 169,66) et une pension minimum est garantie (1.622 € net à partir de janvier 2024). Deux maxima sont fixés pour les fonctionnaires : un maximum relatif de trois quart du traitement de référence et un maximum absolu de 7.813,40 € brut par mois. Pour les indépendants, des planchers (comme l’indique le secrétariat social Acerta, 1.669,74 € brut par mois pour un isolé, 2.086,52 € brut par mois pour un chef de famille) et des plafonds (respectivement 1.936,86 € brut et 2.421,08 € brut) sont également fixés. Ouf ! Marius avait déjà le tournis avant cela. Il est maintenant en apnée totale. Et ce n’est pas fini.

Les trois piliers

Conçu sur le mode contributif (les actifs ne cotisent pas directement pour leur pension, mais bien pour payer celle des retraités), le système belge de pension légale assure un taux de remplacement (pourcentage de son ancien revenu perçu à la retraite) de 60 %. À cette pension légale, aussi appelée 1 er pilier, peuvent s’ajouter une pension complémentaire (assurance groupe) constituée par l’employeur (2 e pilier) et une épargne pension (3 e pilier) que vous auriez constituée vous-même. De quoi amortir financièrement le choc. Alors Marius, encore combien de temps avant la pension ? Marius ? Je crois qu’on l’a perdu.

Cet article est paru dans le Télépro du 24/8/2023

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