La spirale de la dyslexie

Plus le diagnostic est établi tôt, mieux l’enfant sera pris en charge © Arte/Bildersturm Filmproduktion

Ce trouble reste mal compris. Tant par la science que par la société. Une prise en charge précoce éviterait pourtant qu’il affecte toute la vie de l’enfant. Ce samedi à 23h30, Arte diffuse le documentaire «La Dyslexie, un trouble mal compris».

Florent était un petit garçon vif et toujours souriant. Jusqu’à ce qu’il entre à l’école primaire… Très vite, il a pris du retard sur les enfants de sa classe. Son institutrice estimait qu’il était «tête en l’air». Son grand frère le trouvait «nul» quand il peinait à lire quelques mots simples. Sa Mamy, qui s’occupe de lui le mercredi, était exaspérée par ce qu’elle considérait comme de la mauvaise volonté. En quelques mois, la vie de Florent est devenue tellement compliquée qu’il a commencé à se renfrogner. Sa maman y a vu le début d’une spirale infernale. Elle s’est renseignée, elle a consulté et le diagnostic est tombé. Florent est porteur d’un handicap invisible : il est dyslexique. Ce samedi, Arte s’intéresse à «La dyslexie, un trouble mal compris».

Un cerveau différent

On estime que 2 à 7 % des enfants souffriraient de dyslexie. De quoi s’agit-il exactement ? D’un trouble de la lecture et de l’écriture. Une personne dyslexique a une lecture lente et hésitante, mélange les syllabes et les lignes, fait de très nombreuses fautes d’orthographe… C’est un ophtalmologue allemand qui décrit la dyslexie pour la première fois, dans les années 1880. Pendant près d’un siècle, on va donc associer cette difficulté d’apprentissage à un problème de vue. Il faut attendre l’arrivée de l’IRM pour que l’on comprenne que la dyslexie n’est pas plus un trouble de la vue qu’une déficience intellectuelle. L’imagerie cérébrale montre que certaines régions du cerveau fonctionnent différemment chez les enfants dyslexiques.

Au stade du déchiffrage

La dyslexie est un problème d’automatisation de la lecture. Quand un enfant apprend à lire, il commence par déchiffrer les lettres, les syllabes et les mots. Sa lecture devient plus fluide quand il commence à acquérir des automatismes. À l’âge adulte, ces automatismes permettent même aux grands lecteurs de lire en diagonale. Mais l’enfant dyslexique ne parvient pas à acquérir ces automatismes, de sorte qu’il en reste toujours quelque part au stade du déchiffrage. Il s’agit probablement d’un problème de connexions neuronales, mais les chercheurs n’ont pas encore réussi à en cerner les causes. Depuis longtemps, on évoque aussi une implication de la génétique, donc de l’hérédité. Cette hypothèse semble se confirmer. Notamment grâce à une grosse étude menée l’an dernier par l’université d’Édimbourg sur plus d’un million de personnes, dont 50.000 dyslexiques. Les chercheurs ont identifié quarante-deux gènes qui seraient liés à la dyslexie. Ils espèrent que cela contribuera à mieux comprendre ce trouble de l’apprentissage.

Un accompagnement spécifique

Difficile de prendre en charge un trouble qui n’est pas encore bien compris. Une gestion précoce est pourtant indispensable pour éviter la spirale infernale qu’a craint la maman de Florent. La difficulté d’apprentissage peut en effet engendrer des moqueries, du harcèlement, une phobie scolaire, une perte de confiance en soi, un repli sur soi, une dépression… Dès qu’une dyslexie est diagnostiquée, l’enfant peut être pris en charge, notamment par un logopède, afin de remédier à son trouble de l’apprentissage. Une adaptation du travail en classe est également indispensable. Depuis 2018, toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles doivent mettre en place un accompagnement pour les élèves à besoins spécifiques.

Cet article est paru dans le Télépro du 21/9/2023

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici