L’âge du lithium

Image extraite du documentaire «Ruée vers les métaux stratégiques» © Arte/Aaron Schwab

Lithium, nickel, cobalt… Ces métaux rares sont devenus stratégiques. Car dans nos smartphones ou nos voitures, on en a tous besoin au quotidien !

«Pour satisfaire les besoins mondiaux d’ici 2050, nous devrons extraire du sous-sol plus de métaux que l’humanité n’en a extrait depuis son origine.» La perspective semble dingue, mais tous les spécialistes l’envisagent sérieusement. Car les nouvelles technologies sont très gourmandes en métaux. Mais où les trouver ? Et à quel prix ? Explications samedi à 23h25 sur Arte dans un documentaire en deux volets : «Ruée vers les métaux stratégiques».

Or noir et or blanc

Si l’on veut enrayer le changement climatique, il faut accélérer la transition énergétique. Cela implique d’abord d’abandonner les énergies fossiles. La conversion est en marche : diverses technologies sont mises au point pour remplacer le pétrole, le gaz et le charbon. Mais toutes ces technologies ont un point commun : elles ont besoin de certains métaux pour fonctionner. D’abord, il y a le cuivre. C’est le métal au cœur des systèmes électriques. La production d’énergie photovoltaïque ne sert à rien s’il n’y a pas de câbles en cuivre pour la transporter. Ensuite, il y a le cobalt, le nickel et le lithium, indispensables à la fabrication de batteries. Le lithium est le plus performant. Depuis l’essor des voitures électriques, on le surnomme d’ailleurs «l’or blanc». Enfin, il y a un groupe de métaux lourds qu’on appelle «les terres rares». Elles ont un rôle essentiel dans le fonctionnement des éoliennes ainsi que de nombreux produits high tech, des écrans tactiles à la fibre optique.

Tant de questions

Dans notre monde en pleine transition, ces métaux sont de plus en plus convoités. Selon Eurometaux, l’association européenne des producteurs de métaux, la demande en lithium devrait bondir de 3.500 % d’ici 2050. Ce chiffre faramineux s’explique notamment par la fin des véhicules thermiques. L’Europe l’a programmée pour 2035. Mais l’Europe ne produit pas de lithium… Pas plus que d’autres métaux stratégiques. Elle dépend de la Russie, du Congo, du Chili, de la Chine… La Commission européenne reconnait ainsi que 98 % des terres rares utilisées dans l’UE proviennent de Chine. Cela pose une série de questions. À commencer par celle de la dépendance. Voilà des décennies que nous dépendons du bon vouloir des pays producteurs de pétrole et de gaz – la crise en Ukraine l’a encore clairement prouvé. Allons-nous désormais devenir dépendants de pays susceptibles de nous fournir les métaux indispensables aux nouvelles technologies ? À cette question s’ajoutent celles déjà souvent posées de l’impact environnemental et social de ces exploitations minières aux quatre coins du monde. Il y a peu, Amnesty dénonçait encore le fait que 40.000 enfants travailleraient dans les mines de cobalt du Congo.

Retour en Europe

Alors, quelles sont les solutions ? «En France, on n’a pas de pétrole, mais on a du lithium», a tonné Emmanuel Macron en annonçant l’ouverture d’une mine de lithium en 2028 dans l’Allier. Elle devrait permettre de fabriquer chaque année les batteries de 700.000 voitures électriques. Depuis la fermeture des mines de charbon, l’Europe compte sur le reste du monde pour le travail pénible de l’exploitation des sous-sols. Afin d’assurer sa souveraineté, l’UE voudrait cependant que 40 % des matières premières stratégiques soient extraites et raffinées en Europe. Avec les règles environnementales et sociales en vigueur au sein de l’Union européenne. 

Cet article est paru dans le Télépro du 14/3/2024

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