L’énigme Azzopardi

Dans la docufiction «Con Girl», l’actrice Emma Krieg incarne Samantha Azzopardi © Capture écran Auvio

L’arnaqueuse en série est poursuivie pour des escroqueries sur trois continents. Un documentaire intitulé «Con Girl» lui est consacré, à découvrir ce vendredi à 22h05 sur Tipik.

Qui est cette femme ? Son nom est connu dans les médias anglo-saxons : Samantha Azzopardi barre la Une des journaux et fait les gros titres de l’actualité judiciaire depuis une dizaine d’années. On sait d’elle qu’elle est née le 21 août 1988 à Campbelltown, au sud-ouest de Sydney, et qu’elle est de nationalité australienne.

Mais qui est-elle vraiment ? Condamnée à plusieurs reprises pour escroqueries en Océanie, en Amérique du Nord et en Europe, elle a porté plus de 70 pseudonymes différents, s’est fait passer pour une orpheline, une gymnaste russe, une ado maltraitée, une dénicheuse de talents… en vue d’extorquer de l’argent. Mais une question s’écrit en filigrane de son histoire : auteure des faits qui lui sont reprochés, n’est-elle pas aussi une victime ?

Muette

Samantha Azzopardi fait parler d’elle pour la première fois en 2013. La police irlandaise est alors à la recherche de témoignages permettant d’identifier une jeune inconnue. Elle a été retrouvée dans les rues de Dublin. Sans document d’identité, elle parle à peine. Les enquêteurs estiment qu’elle doit avoir 14 ans, venir d’un pays de l’Est et avoir été victime d’un réseau international de trafic sexuel.

La vérité est tout autre. Grâce à la diffusion des photos, ils l’identifient. Celle qui a dû être hospitalisée dans une institution pour enfants et a donné près de 2.000 heures de travail aux forces de l’ordre a 25 ans et est originaire d’Australie.

Donner un rein…

Le magazine Women’s Weekly site le témoignage du propriétaire d’une crêperie de Campbelltown où celle qu’il appelle «Sammy» a travaillé en 2011 avant de partir «parcourir le monde pour donner un rein». Les investigations établissent que, depuis, elle a utilisé une quarantaine de noms d’emprunts. Sur la BBC, un des enquêteurs confie : «Cette affaire devrait être traitée comme une question de santé mentale.» Samantha Azzopardi est expulsée d’Europe. Ce n’est que le début de son parcours.

Victime ?

Au Canada, elle passe deux mois derrière les barreaux pour méfait public : elle affirmait avoir été enlevée et agressée sexuellement. En Australie, elle est condamnée à un an de prison pour s’être à nouveau fait passer pour une victime de traite des êtres humains et tenter d’extorquer pour cela une indemnité. Par la suite, elle prétend être agent artistique. Une autre fois, elle est engagée comme fille au pair, emmène les enfants sous sa garde dans… un hôpital psychiatrique. Une autre fois encore, elle est accusée d’avoir menti pour empocher 11.000 € des services de soutien aux victimes de violences familiales… Une longue liste de méfaits partiellement relatés dans la minisérie «Con Girl» («L’Arnaqueuse»), vendredi sur Tipik.

Menteuse pathologique

Cette escroc en série a été diagnostiquée mythomane (menteuse pathologique). Les médecins experts qui l’ont rencontrée évoquent aussi «qu’elle a subi des faits tragiques de violences physiques et émotionnelles», «que deux hommes distincts l’ont maltraitée étant enfant». D’autre part, son avocat l’estime «incapable à l’heure actuelle de contrôler cette impulsion [ndlr : de mentir de façon compulsive]».

Poursuivie pour au moins 14 accusations d’escroqueries présumées commises cette année, Samantha Azzopardi comparaissait détenue et par visioconférence en octobre dernier. Comme le relate le quotidien de Melbourne The Age, elle attend d’être fixée sur son sort. Sa libération sera probablement conditionnée à une participation à un programme d’aide en santé mentale long et intensif.

Cet article est paru dans le Télépro du 4/1/2024

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