Miser sur le bon cheval. Pari risqué !

En 2020, le montant des mises lors des paris hippiques a approché les 150 millions d’euros © Isopix

Là où il y a compétition, il y a pari. C’était vrai dans l’Antiquité grecque, lors des Jeux olympiques, chez les Romains avec les courses de chars et les combats de gladiateurs… C’est encore vrai de nos jours.

C’ est au XIXe siècle qu’apparaissent les paris tels que nous les connaissons aujourd’hui, dans des formes et des applications qui n’ont cessé d’évoluer au cours des années. En France et en Angleterre se développent une série de champs de courses – les hippodromes -, qui seront alors de grands rendez-vous mondains. Chez nos voisins du sud et outre-Manche, la plupart d’entre eux perdurent, alors qu’en Belgique bon nombre ont disparu. Qu’on songe, autour de Bruxelles, à ceux de Boitsfort, Sterrebeek et Groenendael. Le premier est devenu un parc de loisirs, le second, un golf huppé et le troisième a tout simplement été rendu aux arbres de la forêt de Soignes. Il ne subsiste qu’un champ de course en Wallonie, celui de Mons-Ghlin, et quelques-uns en Flandre : Waregem, Tongres, Ostende, Kuurne (près de Courtrai).

Joseph Oller, l’homme des loisirs

Catalan d’origine, entrepreneur et homme de spectacle (il cofonde le Moulin-Rouge, crée le théâtre des Nouveautés, l’Olympia…), Joseph Oller (1839-1922) n’en est pas moins passionné de courses de chevaux. En 1867, il met au point le pari mutuel en France. Le principe est simple. Il exige que toutes les mises soient totalisées pour payer les gagnantes avec les perdantes. Les pouvoirs publics voient cependant tous ces paris d’un mauvais œil et tentent de les interdire. Au final, la Cour de cassation, en 1869, ne considère pas les paris mutuels, «où chacun choisit son cheval», comme des jeux de hasard. Ils restent donc permis.

La Belgique se montre plus prude et plusieurs jugements condamnent, au début du XXe siècle, les jeux de hasard, contraires aux règles de la société bien-pensante de l’époque, qui ne les tolère que dans des buts caritatifs ou culturels, voire d’utilité publique. Ainsi en est-il pour la Ligue contre le cancer, autorisée à lancer des paris sportifs pour améliorer ses rentrées financières, comme le souligne l’historien Xavier Breuil.

Autorisation officielle

C’est en 1925 que l’État belge fait fi de ses réticences morales pour autoriser officiellement la tenue de paris sur les courses de chevaux, dont il prélève aujourd’hui une taxe de 15 % sur les gains. L’arrivée des médias audiovisuels, et notamment la retransmission des courses de chevaux sur les ondes, entre autres avec les commentaires du célèbre journaliste Léon Zitrone (1914-1995), popularise ce sport en amenant de nombreux joueurs d’abord au guichet, dans les agences et, aujourd’hui, de plus en plus sur le Web. Les paris en ligne représentent d’ailleurs, en 2020, année covid, plus de 57 % des mises, le reste se répartissant entre les agences et les librairies. Bien sûr tout cela se fait sous la surveillance stricte de la Commission des jeux de hasard, née en 1999, qui contrôle les organismes autorisés. Les recettes totales générées par tous les types de paris légaux s’élevaient, toujours en 2020, à 280 millions d’euros quand les mises dépassaient les 2 milliards.

Demeure le problème de l’addiction aux jeux, qui peut conduire à de véritables drames et qui doit inciter, comme en toutes choses, à consommer les paris avec une grande modération ou, mieux, à y renoncer.

Cet article est paru dans le Télépro du 29/12/2022.

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