Quand brocante rime avec mirobolante

Trouver la pépite en brocante, tout le monde en rêve... © Getty Images

Bonnes affaires, trésors cachés : les marchés aux puces et les vide-greniers font rêver et acheter. Un sujet évoqué ce mercredi à 19h50 sur RTL tvi dans «Coûte que coûte».

Une drogue, une addiction. Comment qualifier autrement la véritable frénésie qui s’emparait chaque week-end de mon ami quand l’heure de la brocante avait sonné ? Impossible de l’empêcher de répéter le cérémonial bien huilé qu’il répétait inlassablement samedi, dimanche et jours fériés. Il y eut d’abord les tire-bouchons. Des dizaines, des centaines de spécimens à vis sans fin, bilames, à leviers… Parallèlement, les appareils-photos avaient aussi la cote, comme les voitures miniatures (uniquement celles construites en Belgique…), les taille-crayons, les sous-bocks (alias ronds à bière). Pour le coup, un temps, il m’a contaminé. Je suis alors parti à la chasse aux petits coureurs aux maillots bariolés, en plastique, en plomb, en acier… Mon hystérie à moi n’a pas duré. Mais les pelotons de cette boulimie éphémère sont restés bien groupés, entassés dans les tiroirs d’où, au désespoir de ma compagne, aucun ne tente une échappée. Le petit coureur, «ça eut payé», comme le disait l’humoriste Fernand Raynaud il y a quelques années. Mais ça paie plus. J’aurais mieux fait de me spécialiser dans la cocotte Le Creuset ou les cartes Pokémon. Vous en doutez ? Ce qui suit va vous étonner.

Tendance

Le site Internet du Louvexpo, à La Louvière, met déjà l’eau à la bouche. On y découvre que «chiner», c’est une alternative à la fois économique et écologique. Déjà pas mal. La suite est encore plus alléchante : «Une expérience de shopping unique qui permet souvent de trouver des trésors cachés.» La bombe est lâchée. «Trésors cachés». De plus en plus d’aventuriers se lancent sur la piste des pépites présumées. Brocantes, vide-dressings, vide-greniers sont aujourd’hui tendances.

Sur Internet, dans les rues d’un village, dans des salles chauffées, à la télé : les bonnes affaires se cachent partout. En rangs serrés, chacun tente de les dénicher. Temploux : 180.000 visiteurs pour un millier d’exposants répartis sur 6 kilomètres. Crisnée : 35.000 chasseurs de bonnes affaires. Marchés aux puces de Spa, Gand, Bruxelles, brocante à Jemappes, Saint Gilles, Louvain-la-Neuve… Il y a quelques années, le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (Crioc) avait mené l’enquête sur le phénomène. Il en ressortait qu’un Belge sur quatre était friand de ce type de rendez-vous. Toute sorte de Belges. Des économes qui trouvent l’occasion d’acheter à meilleurs prix, des écolos qui voient la possibilité de donner une deuxième vie à des objets, des passionnés aussi.

C’est votre meilleur prix ?

Passion de quoi ? Les modes changent. À l’heure actuelle, les tendances sont multiples. La vaisselle à l’ancienne par exemple garde un charme indéniable. Imaginiez-vous que les cocottes Le Creuset faisaient un tabac ? Selon les producteurs de «Coûte que coûte», mercredi sur RTL tvi, celles qu’on trouvait facilement à moins de 30 € il y a quelque temps se vendent maintenant jusqu’à cinq fois plus cher en seconde main. Les sièges en rotin, les chandeliers, les flacons de pharmacie, les chaises des années 1970, les vêtements vintage font aussi recette. Les objets pour les enfants et grands enfants ? Pareil. Certaines collections de cartes Pokémon atteignent aujourd’hui des sommets.

Le graal

Chacun peut aussi rêver de faire l’affaire du siècle. Cela arrive, parfois. Des négatifs photos sur plaques de verre achetés 45 dollars et revendus 200 millions : elles étaient l’œuvre d’un photographe américain mondialement connu. Une peinture d’Andy Warhol enfant achetée une poignée de dollars puis évaluée par la suite à 1,5 million. Un cadeau kitch pour faire une blague qui vaut 50 millions ? Ça existe aussi. Et les petits coureurs ? Au grand désespoir de ma compagne, ils continuent à squatter les armoires sans autre valeur que celle du cœur. Je vous le dis : les souvenirs d’enfance, ça n’a pas de prix.

Cet article est paru dans le Télépro du 9/11/2023

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