Recherche main d’œuvre, désespérément

Elle est déjà loin la période du covid où l’on applaudissait les soignants à 20 h © Getty Images

Soignant, architecte, boucher, opticien… : 158 métiers figurent sur la liste des fonctions critiques et métiers en pénurie.

Chaque année, l’Office wallon de la formation et de l’emploi (Forem) publie une liste des fonctions critiques et des métiers en pénurie. Les fonctions critiques sont des métiers pour lesquels les employeurs éprouvent des difficultés de recrutement en raison de plusieurs critères : conditions de travail, diplômes requis, expérience nécessaire, langues à maîtriser, mobilité… malgré un nombre de demandeurs d’emploi suffisant. Pour les métiers en pénurie, par contre, le nombre de candidats est insuffisant (lire en encadré, l’exemple des soignants). La liste 2023 comprend 158 métiers (66 fonctions critiques et 92 métiers en pénurie), soit 17 de plus que l’année passée et 32 de plus qu’en 2021 (près de 25 %).

Cas particuliers

Avant de passer l’inventaire en revue, deux points particuliers. Le premier concerne la construction. Architecte, carreleur, géomètre, maçon, vitrier… : au total, 56 métiers (accessibles aux femmes et aux hommes) sont en pénurie ou en fonction critique. C’est près d’un tiers du total général. Second élément remarquable… et remarqué par le Forem : plusieurs fonctions souffrent de difficultés de recrutement plus structurelles. C’est particulièrement le cas pour les conducteurs de poids lourds, les infirmiers et les couvreurs. En tout, 44 fonctions pour lesquelles «au moins un tiers des travailleurs ont passé la cinquantaine et risquent de ne pas être remplacés dans les années à venir.»

Les bons plans

Outre certains métiers de la construction, opter pour une activité professionnelle en pénurie ou en situation critique peut augmenter les chances de décrocher un emploi. Au niveau alimentaire, le secteur est en manque de bouchers, de boulangers ou de pâtissiers, chocolatiers, glaciers (femmes et hommes). Du côté de la santé, les opticiens, logopèdes, infirmiers ou médecins sont devenus des professions très recherchées. Tout comme les coiffeurs, comptables ou cuisiniers dans l’horeca et les services. La situation évolue toutefois d’année en année. Par exemple, ont disparu de la liste les agents immobiliers et les responsables de maintenance industrielle, 22 métiers au total. 42 autres y ont par contre fait leur apparition. C’est le cas des esthéticiens, des conducteurs de machines agricoles et forestières ou des désamianteurs.

Les coups de pouces

360, c’est le nombre de formations métier proposées par le Forem, dont 231 concernent des métiers en pénurie. Plusieurs incitants sont aussi mis en place pour attirer les candidats. Dans certaines conditions, reprendre des études qui préparent à un métier en pénurie dispense des obligations de recherche active d’emploi. Les demandeurs d’emploi qui terminent une formation dans un métier en insuffisance ou une fonction critique peuvent également (et toujours sous certaines conditions) avoir accès à une prime financière (l’Incitant+, la Prime Construction ou l’allocation «métiers en pénurie»). Le «Passeport Drive» permet aussi à certains demandeurs d’emploi de recevoir un financement pour obtenir le permis B (auto) ou AM (cyclomoteur).

Où chercher l’info ?

Des séances d’information sont organisées chaque mardi dans les centres de formation. Tous les renseignements sont accessibles sur le site Internet du Forem (www.leforem.be/citoyens/ metiers-porteurs.html). Le site du Service d’Information sur les Études et les Professions (Siep) donne aussi une foule d’informations via un catalogue de 1.263 métiers susceptibles d’inspirer une vie professionnelle (https://metiers.siep.be).

Ces soignants qu’on applaudissait

Elle est déjà loin la période du covid où l’on applaudissait les soignants à 20h. La pénibilité du travail, une rémunération pas à la hauteur du diplôme requis, un manque d’investissement dans le secteur de la Santé, une rentabilité toujours plus exigeante… autant de raisons (entre autres) qui continuent de décourager les candidat(e)s infirmiers(ères) et aboutissent à des services fonctionnant sur le fil… du scalpel !

Cet article est paru dans le Télépro du 27/07/2023.

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