Règles : un cycle passé sous silence

À voir sur Arte : «Le Cycle menstruel, la fin d’un tabou» © Getty Images

Les règles, c’est tabou. À tel point que même la science n’a pas trop osé s’y intéresser. Mais les choses sont en train de changer…

C’est un sujet qui concerne la moitié de l’humanité, mais dont on ne parle pratiquement jamais : les règles. Le tabou est tel que même les scientifiques se sont peu penchés sur le sujet. Que reste-t-il à découvrir ? Réponse samedi à 22h25 sur Arte, avec le documentaire «Le Cycle menstruel, la fin d’un tabou».

La femme impure

44 % des femmes connaissent mal ou pas du tout les phases du cycle menstruel. Tel est le résultat d’un sondage mené auprès de mille Françaises âgées de 16 à 45 ans. Quel jour commence le cycle ? Pourquoi y a-t-il des saignements ? Quel rôle jouent l’œstrogène et la progestérone ?

Si près d’une femme sur deux ignore comment fonctionne son corps, on n’ose pas imaginer le niveau de connaissance des hommes à ce propos… Cette méconnaissance est due à un tabou ancestral lié aux religions. Certaines affirment toujours que le sang des femmes les rend impures. Et qu’elles doivent donc se tenir éloignées de leur mari ou de leur foyer durant ces quelques jours du mois. Dans l’Ancien Testament, le Livre du Lévitique indique : «La femme qui aura un flux de sang en sa chair restera sept jours dans son impureté. Quiconque la touchera sera impur.»

Mais il ne faut pas remonter si loin… Si vous regardez vos albums photos familiaux, vous remarquerez que les mamans étaient absentes lors du baptême de leur bébé. Car elles ne pouvaient se rendre à l’église durant les quarante jours qui suivaient l’accouchement. Une cérémonie de relevailles était organisée à la fin de cette quarantaine d’impureté. Il faudra attendre la Concile Vatican II, dans les années 1960, pour que les relevailles disparaissent.

Pourquoi les ragnagnas

Il reste de tout ce «sang impur» quelque chose de profondément ancré dans la société. En témoignent ces formules inventées pour ne pas utiliser le mot «règles» (de l’alerte rouge aux ragnagnas). Ou cette propension qu’ont les publicitaires à représenter le sang menstruel en bleu… Le sujet a longtemps été tellement tabou que les scientifiques eux-mêmes l’ont ignoré.

Ils tentent aujourd’hui de rattraper le temps perdu. En se posant d’abord une question fondamentale : pourquoi les femmes ont-elles des menstruations ? Sur les milliers de mammifères recensés sur la planète, seuls les humains, les singes, quatre espèces de chauve-souris et une espèce de souris ont un cycle menstruel. Les autres ont un cycle œstral, c’est-à-dire une fenêtre de courte durée durant laquelle la reproduction est possible. C’est par exemple le cas de la chienne, quand on la dit «en chaleur».

Pourquoi les femmes ont-elles un cycle menstruel ? La réponse à cette question permettra peut-être d’apporter de nouvelles clés de compréhension de certaines maladies, comme l’endométriose.

Précieux sang

D’autres chercheurs s’intéressent au sang proprement dit. Jusqu’ici considéré comme un déchet honteux, il se révèle aujourd’hui digne d’intérêt. Il contient en effet de précieuses cellules souches, capables de remplacer des cellules endommagées. Chez des patients atteints de leucémie, par exemple. La médecine du sport s’intéresse également au cycle menstruel. Car tant les performances que le risque de blessure sont liés au cycle. L’équipe américaine de foot féminin, quatre fois détentrice du titre mondial, l’a bien compris : les joueuses bénéficient d’un entraînement personnalisé adapté à leur cycle. Et si toutes les femmes osaient s’en inspirer pour adapter leur rythme de vie ? 

Cet article est paru dans le Télépro du 15/2/2024

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